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Les effets de la transition syrienne: rébellion, réforme ou révolution?

Posted by worriedlebanese on 17/07/2011

Carte de la Contestation

Le niveau de la contestation politique en Syrie est tel que l’on peut indéniablement parler de rébellion. La grande question que tout le monde se pose est de savoir si cette rébellion va être écrasée ou si elle va réussir à renverser le régime en place. Il est indéniable que la Syrie s’est engagée dans une “transition” depuis plus de dix ans, suite au décède de Hafez al-Assad et à l’avènement de son fils, Bachar. Effectivement, on peut remarquer d’importants changements sur plusieurs plans: économique, politique, culturel et communautaire.

Une économie mixte ou à deux vitesses 
Depuis l’arrivée au pouvoir de Bashar Assad, l’économie syrienne s’est considérablement transformée. Elle est devenu en quelque sorte mixte : elle a conservé sa dimension socialiste et elle a intégré une dimension capitaliste. D’un côté, l’économie traditionnelle et “socialiste” s’est écroulée, et de l’autre de nouveaux secteurs se sont développés. Mais au lieu d’intégrer ces deux dimensions, elle les a complètement dissocié. Ceci a donné naissance à une économie à deux vitesses qui est en contradiction avec l’idéologie officielle et qui ne répond pas aux attentes de la majorité des Syriens. Le résultat est l’augmentation du chômage, la destruction ou l’appauvrissement de certains secteurs de l’économie (artisanat, agriculture traditionnelle), la production de nouvelles richesses et de nouvelles habitudes de consommation (nouveaux complexes industriels, expansion du secteur éducatif privé, intégration dans l’économie mondialisée avec entrée d’enseignes internationales…).

Une dissonance politique entre discours et pratique
Le régime tout en prônant l’ouverture s’est en fait considérablement refermé depuis son retrait du Liban. Une partie de la « vieille garde » a été écartée du pouvoir. Et plus de quarante ans de gestion politique informelle (qui ne respecte pas les institutions et les divisions fonctionnelles du pouvoir, mais qui fonctionne à travers de multiples réseaux transversaux) a évidemment vidé les institutions de toute substance et font apparaître ces institutions pour ce qu’elles sont, des coquilles vides, ou plutôt des cadres dépourvus de toute autonomie qui sont investis par des forces qui les traversent et qui les dépassent.
Tant que ce système satisfaisait la population sur le plan économique en assurant une répartition des richesses perçue comme équitable, les citoyens syriens étaient prêts à répéter le discours officiel et à y adhérer en dépit de son caractère formel (dogmatique et détaché de la réalité). Mais depuis que les différences de classe sont de plus en plus visibles, le discours économique sonne de plus en plus creux et la légitimité du régime se trouve ébranlée.
En fait, l’étendue de la gestion informelle par le régime est telle que l’on ne peut même plus le qualifier de « baasiste » puisqu’il a également vidé le parti baas de toute substance.  

L’accès à la production culturelle occidentale 
En dépit des bouleversements économiques des dernières années, la transition culturelle de la Syrie n’a pas encore atteint le même degré que l’Egypte et la Tunisie par exemple, en raison de l’isolement relatif de la Syrie sur ce plan et son entrée tardive dans le processus. Effectivement  les élites culturelles syriennes sont relativement peu mondialisées ou intégrées à des structures transnationales (à la différence de leur pendant Egyptien et Tunisien). Au niveau des classes moyennes, l’accès à la production culturelle occidentale (à travers l’internet et les satellites) progresse mais n’a pas encore atteint un degré suffisant pour influer sur la dynamique politique.
Toutefois, les mouvements de rue massifs et pacifiques de 2005 au Liban, et de 2011 en Egypte et en Tunisie ont certainement enrichi la culture politique syrienne en y intégrant une nouvelle forme de pratique politique.

La confessionalisation des discours
La Syrie n’a jamais expérimenté pleinement avec un système formel de répartition communautaire du pouvoir, à la différence du Liban. Je dis pleinement parce qu’en fait, on peut déceler en ces matières quelques expérimentations formelles et une pratique informelle.
Sur le plan formel, le régime syrien privilégie principalement les Arabes et quelque peu les Musulmans au sein de sa population puisqu’il se veut strictement Arabe et considère la Shari’a comme étant une source de la législation tout en réservant la présidence de la république à un musulman. La proclamation de l’arabité de la Syrie a effectivement eu des incidences pratiques sur les minorités : elle s’est accompagnée d’une politique d’arabisation à l’encontre de ses minorités non-arabes : kurdes, turques, arméniennes, assyriennes et gitanes. Et s’est mise en pratique à travers des instruments d’ingénieurie ethnique (« ethnic engineering ») à l’encontre de la communauté kurde : exclusion de la nationalité, négation de la langue et colonisation arabe dans ses régions.
Sur le plan informel, on trouve une pratique qui prend en compte des considérations communautaires. Ceci s’effectue à travers la constitution de relations de confiance à dominante confessionnelle qui manipulent des réseaux d’influences et d’intérêts. Il existe par ailleurs une autre pratique informelle de gestion du pluralisme communautaire. Celle si s’opère à travers la négociation et la manipulation des élites communautaires. Sur le plan religieux, le régime Syrien intervient dans la nomination de toutes les élites religieuses syriennes à un degré qui n’a pas de précédent dans l’histoire du pays. Et dans une société qui est fragmenté sur le plan confessionnel, le pouvoir intervient également dans les relations « intra-communautaires » pour s’assurer de la fidélité des élites communautaires.
Au niveau du discours et de la mobilisation, un changement important a eu lieu suite à la gestion par le régime de la révolte populaire. Les considérations confessionnelles étaient taboues en Syrie jusqu’à peu de mois. On ne parlait des enjeux confessionnels qu’en petit comité, de manière discrète. Depuis quelques années, les marqueurs identitaires ont commencé à devenir de plus en plus publique. Que ce soit le voile intégral (niqab) dans les quartiers sunnites ou les croix affichés par les chrétiens. Lors d’un voyage en Syrie après la guerre de juillet, j’avais même remarqué que les portraits de Hassan Nasrallah étaient devenus confessionnelles. Lorsqu’on les voyait affiché à côté de la photo du président Syrien, il y avait de forte chance que ce quartier soit Aléouite. Mais même à cette époque, la question confessionnelle restait religieuses, et les Syriens s’amusaient à se moquer du Liban et de son confesssionalisme. Aujourd’hui, le tabou est tombé, surtout après la violence extrême qui s’est déployée à Daraa. Les Syriens sont de plus en plus nombreux à parler de leur appartenance confessionnelle, et surtout à exprimer leur hostilité par rapport à un autre groupe. Et ceci est particulièrement vrai dans les milieux de l’opposition au régime.

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A qui confier la direction générale de la Sûreté générale?

Posted by worriedlebanese on 14/07/2011

Suite au décès de Wafic Jezzini, le poste de Directeur de la Sûreté Générale est vacant. En cela il n’a rien d’extraordinaire. Il ne fait que rejoindre la centaine de postes vacants qui attendent que le Conseil des ministres procède aux nominations nécessaires pour les remplir… Et cela fait de nombreuses années que le Conseil des Ministres remet cette question en raison de la complexité des négociations qui entourent cette question. En effet, non seulement il faut respecter les quotas confessionnels (ce qui en fait devrait faciliter les nominations), mais il faut prendre en compte les allocations de parts entre les réseaux clientélistes et les forces politiques.

La particularité de la vacance du poste de Directeur de la Sûreté Générale tient au fait que les politiciens se disputent aujourd’hui son attribution confessionnelle. Jusqu’en 1998, cette fonction revenait à un maronite qui était généralement nommé par le Président de la République. En 1998, Emile Lahoud a soutenu la candidature de Jamil Sayed à ce poste, alors même qu’il était chiite.

Notons que l’accord de Taef a aboli les quotas confessionnels à l’intérieur de l’ensemble de l’administration publique excepté les fonctions de première catégorie. Toutefois, les règles en cette matière ne sont pas claires. Faut-il suivre le système du partage proportionnel ou celui de la parité? Par ailleurs, aucune disposition ne prévoit des sièges réservés. Et il a même été question de procéder à un système de rotation confessionnelle des sièges. Toutefois, ceci complique les négociations et peut perturber l’action des réseaux clientélistes. D’ailleurs, à ma connaissance, le principe de la rotation n’a été appliqué qu’une seule fois : au début des années 1990 un recteur chiite pour l’Université Libanaise, après une série de recteurs maronites (et un recteur Grec Catholique). Mais la rotation s’est arrêtée-là, et ce poste revient désormais à un Chiite proche de la mouvance Amal. Cela dit, ce qui est intéressant dans le cas de Jamil Sayed est qu’il n’était appuyé par aucun patron libanais, d’ailleurs il entretenait de mauvais rapports avec Rafik Hariri et Nabih Berry, et mêmes ses relations avec Emile Lahoud n’étaient pas toujours au beau fixe en raison de son autonomie et de son pouvoir.

Dans le cas qui nous intéresse, les rumeurs veulent que le Président de la République et le Patriarche Maronite réclament aujourd’hui le retour de ce poste aux “maronites”. Michel Aoun a quant-à-lui déclaré mardi qu’on lui “réclame de récupérer le poste” mais que cela devait être débattu avec “ses” amis, c’est-à-dire ses alliés Chiites, et plus spécialement Nabih Berry qu’il a d’ailleurs nommé. Par ailleurs, le Vice-Président de la Chambre, Farid Makari, et le Vice-Président du Conseil des ministres, Samir Moqbel, semblent tous les deux appuyer l’attribution de ce poste à un Orthodoxe. Alors que d’après le quotidien Al-Liwa’, le Hezbollah proposent à ce poste le Brigadier Général Abbas Ibrahim (numéro 2 du deuxième bureau), proposition que rejette Nabih Berry. Pour compliquer encore plus les choses, le quotidien Daily Star rapporte que Nabih Berryaccepte d’attribuer ce poste à un maronite, à condition que le chef de l’armée soit attribué à un Chiite. Al-Liwa’ nous dit que le raisonnement de Nabih Berry était qu’il existe trois positions sécuritaires importante au Liban: celle de chef de l’armée, de directeur des Forces de Sécurité Intérieur (FSI) et de directeur de la Sûreté Générale. Et qu’il était donc normal que la distribution se fasse entre les trois premières communautés. L’approche “sectorielle” de la répartition communautaire est intéressante. Elle ressemble à celle qui a lieu à l’intérieur de l’Université Libanaise et à l’intérieur du corps diplomatique. A la seule différence que dans ces derniers cas, on est en présence d’un même “corps”, alors que les services de sécurité libanais sont complètement éclatés et sont soumis à des hiérarchies distinctes. Par ailleurs, le raisonnement du Président de la Chambre ne tient pas compte de trois autres postes sécuritaires: chef du deuxième bureau, directeur du service de renseignement des des FSI et le Directeur des Forces de Sécurité de l’Etat. Ceci ramène les postes sécuritaires sensibles à 6…

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Esquisse d’une opposition en 7 heures et trois minutes

Posted by worriedlebanese on 09/07/2011

Mon intention première était d’analyser les trois journées de débats qui ont précédés le vote de confiance. Mais malheureusement, j’ai commis l’erreur de les suivre sur L’Orient-Le Jour. Ceci revenait à accompagner de très près un camp, celui du XIV Mars®, et de très loin l’autre, celui du gouvernement. Certes, un article de Scarlett Haddad a restitué l’ambiance générale dans l’hémicycle, mais tous les autres articles reprenaient et amplifiaient en choeur les propos d’un camp, et ne rapportait que les réactions de l’autre camp, jamais leur propre discours. Certes, il est généralement plus intéressant de suivre les interventions d’une opposition, puisqu’elles sont nécessairement moins complaisantes, et de ce fait souvent plus éclairantes sur les choix politiques qui se présentent à un certain moment.

Vue sur l'arène

Voeu pieux
Le Premier Ministre, Nagib Miqati, avait annoncé la semaine dernière que “le gouvernement libanais soumettra au Parlement une déclaration ministérielle réaliste et effective, comprenant les idées et les propositions dont l’application est possible dans tous les domaines”. Et il avait espéré “que les séances de discussion de la déclaration ministérielle soient constructives et utiles à tous les libanais, loin des polémiques, des surenchères, du langage de défi et des accusations de traitrise”. Autant dire que c’était un voeu pieux et la politique générale telle que annoncée par la déclaration n’a quasiment pas été discutée. Seule une de ses clauses a suscité de vive polémiques, l’alinéa 14 qui touche au Tribunal Spécial pour le Liban et qui annonce que le “gouvernement, partant de son respect pour les résolutions internationales, exprime son attachement à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat du président martyr Rafic Hariri et de ses compagnons. Il suivra le cours du Tribunal Spécial pour le Liban créé, en principe, pour dire le droit et faire justice, loin de toute politisation ou de toute volonté vindicative, pourvu que cela ne se reflète pas négativement sur ​​la stabilité du Liban, son unité et sa paix civile”.

A gauche le 8 Mars + CPL ; à droite le XIV Mars et les "indépendants"; au centre la Rencontre Démocratique

Les quatre axes de la polémique 
Les députés du XIV Mars® n’étaient pas là pour discuter la déclaration ministérielle. Ils se sont présentés aux séances de discussion de la déclaration pour exprimer leur grief à l’encontre du Hezbollah et de l’acceptation par Nagib Miqati de sa nomination en tant que chef du gouvernement. D’abord, ils ont asséné leur narratif, celui du “coup d’État du Hezbollah”, du “renversement de la volonté des électeurs” qui auraient donné la victoire au XIV Mars®…
Le premier thème met le doigt sur un problème essentiel dans le jeux politique libanais, celui de la présence d’un groupe politique armée qui a déjà utilisé ses armes à deux reprises pour “trancher” des conflits internes… Le gouvernement de Saad Hariri est certainement tombé en raison du Hezbollah… mais démocratiquement, avec la démission du 1/3 des ministres. Le Hezbollah a exprimé son refus de la nouvelle nomination de Saad Hariri par les armes… mais ceci n’explique pas à lui seul le soit disant “retournement” Joumblatt dont le bloc parlementaire s’est en apparence divisé en deux (mais jusqu’à quand?). Ni le ralliement du “centre” représenté par Nicholas Fattouch, Michel Murr et Mohamad Safadi qui pourtant étaient alliés au XIV Mars®.
Le deuxième thème, celui de la majorité volée est intimement relié au premier. Mais il se fonde sur une mauvaise lecture des résultats des élections de 2009. Le XIV Mars®, ses militants et ses journalistes “engagés”, ont prétendu avoir remporté ces élections, alors qu’en réalité, ces élection avait plutôt consacré les monopôles dans la représentation politique au sein des trois communautés musulmanes, et la division maintenant quasi-paritaire des chrétiens en deux camps (dont le quart relève toujours de formation dominés par un Za’im musulman) avec une figure dominante, celle de Michel Aoun, dont le parti regroupe plus du quart des députés chrétiens. Avec le détachement de Walid Joumblatt en Août 2009 qui avait fait sa déclaration d’indépendance au lendemain des élections législatives, les deux coalitions politico-confessionnelles se retrouvaient à égalité.

Les quatre axes autour desquels se sont articulés leur intervention ignorent en grande partie la déclaration et tous les aspects qui touchent au quotidien des citoyens… Au Liban, on ne s’intéresse pas à la “petite politique”, celle qui a des répercussions directes sur la vie des Libanais… D’ailleurs on s’y réfère souvent dans les déclarations ministérielles, mais bon, au moment de s’exécuter, on préfère le confort de la polémique, la géopolitique, et les grands principes. Et donc voici les thèmes sur lesquels la nouvelle opposition s’est attardée:

  • Le Tribunal Spécial pour le Liban.
  • Hezbollah et ses armes.
  • Miqati et la représentation sunnite.
  • Rafic Hariri.

Il n’y a pas grand intérêt à revenir sur ces discours. Rien de nouveau n’y a été exprimé. En gros, les députés du Mouvement du Futur tels que Nohad Machnouk ou de Fouad Siniora ont asséné les mêmes propos qu’ils tiennent ailleurs et qu’ils répetent par média interposés. Il est clair que leurs discours ne sont pas adressés à leur interlocuteurs, mais à leur propre public. Ce qui est généralement le cas dans les débats parlementaires télévisés. On remarque surtout que le passage à l’opposition n’a pas constitué une rupture dans le discours du XIV Mars. Trois des quatre thèmes sus-mentionés sont dominants depuis 2005. Et d’ailleurs, ils sont abordé de la même manière: une suite de slogans. L’argumentation se place à un niveau théorique et elle vise a susciter une réponse émotionnelle où l’indignation se mêle à la crainte, le tout enrobé d’héroïsme. La seule nouveauté est le thème circonstanciel, celui qui touche à Miqati qui, en écartant le Mouvement du Future du pouvoir, est accusé d’avoir trahis la volonté des électeurs sunnites.

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“Détournement de Fond”

Posted by worriedlebanese on 27/06/2011

Titre: “Détournement de Fond
Auteur: d’Élie Fayad.
Date: Jeudi 23 Juin 2011.
Genre: Editorial… Exercice littéraire, accessoirement journalistique (puisque ce genre d’article ne contient pas d’informations, mais quelques allusions à des faits – pas nécessairement avérés – ou plutôt à des dires). Exercice en fait éminemment politique mais d’un genre particulier. Généralement, il se réduit à une distribution de gommettes ou en l’occurrence à une réprimande (comme en maternelle)… l’éditorialiste devient instituteur qui évalue un élève : “insolence”, “bougeotte”, “trublion”, “il lui arrive, comme c’est le cas ces jours-ci, de dépasser les bornes”, “il s’agite ces jours-ci”.
Total de mots: 804!
Structuration:
Introduction: 410 mots. Thème: “l’insolence de Michel Aoun” (qui s’achèvent avec 101 mots d’auto-justification et d’auto-congratulation).
Corps du sujet: 305 mots (dont 100 mots de digression géopolitique). Thème: “Détournement du débat public”
Conclusion: 89 mots. Thème: “l’agitation de Michel Aoun”.

Analyse descriptive
A l’intérieur de chaque thème, Élie Fayad traite de plusieurs questions qui ne sont pas sans intérêts, mais dont malheureusement les conclusion sont systématiquement détournés à des fins politiques (ou plutôt politiciennes, comme nous le verrons plus tard). Tout d’abord, Elie Fayad décrit un des “fossé[s] de la haine entre Libanais”, celui qui traverse les communautés chrétiennes. D’un côté, nous trouvons les partisans de Aoun “qui se laissent impressionner par [s]es stratagèmes” et interprètent ses prises de positions comme un “signal audible d’une volonté collective de changement”, un signe de sa “différence à l’égard d’une classe politique perçue comme étant complaisante, médiocre, corrompue”. Et de l’autre côté, on trouve les détracteurs de Aoun qui savent que cette “idée” de changement est une “illusion” et qui trouvent ses boutades “déplaisantes”… L’éditorialiste ne cache pas son positionnement, il se range clairement dans ce dernier camp et ne cache pas son mépris de l’autre, gorgé “de nombreux imbéciles à travers le pays”, qui se laisse “impressionner” par ce “troublions”, et se laisse berner par une “illusion” de changement.

En fait, derrière une bonne couche de mépris et une deuxième couche de parti pris, l’analyse d’Élie Fayad est par moments pertinente. Effectivement, les partisans de Aoun sont généralement des personnes qui rejettent la classe politique libanaise “perçue comme complaisante, médiocre, corrompue”… Mais serait-ce  juste une question de perception comme le laisse entendre Élie Fayad? Personnellement, je ne vois pas comment on pourrait de manière objective dresser un bilan positif de cette classe politique. Quant aux détracteurs de Aoun, l’éditorialiste indique que généralement, ils sont rebutés par le style de communication de Aoun, et la personnalité qui s’en dégage: “tentatives d’humour”, “un peu de victimisation et de beaucoup de paternalisme protecteur”. Et là aussi, peut-on vraiment leur en tenir rigueur? Le discours du CPL (le parti, la télévision et les porte-paroles) qui se veut “décontracté” et “franc” est indéniablement grossier. Et jusqu’à maintenant ce parti s’est fait surtout remarqué par son style de communication plus que par son action politique.

Ce qu’il y a de plus étonnant dans cette bipolarisation en milieu chrétien autour de la figure de Aoun est le fait que jusqu’à la formation du deuxième gouvernement Miqati, le chef du CPL demeurait un des acteurs politiques les moins importants sur la scène politique en terme de pouvoir, et que finalement il n’existe pas de différences idéologiques importantes entre lui et ses rivaux politiques en milieu chrétien. Le conflit porte sur la géopolitique (d’ailleurs, c’était l’unique thème de campagne dans les circonscriptions chrétiennes durant les dernières élections législatives) et sur la stratégie d’intégration au pouvoir quadripartite (les deux questions étant évidemment intimement liées).

Quant au corps du sujet, celui qui traite de la thématique principale de l’éditorial annoncée par le titre, son analyse descriptive ne semble pas aussi intéressante que sa soumission à une approche plus analytique. Juste un point mériterait d’être traiter, celui qui est suggéré lorsque l’éditorialiste se demande si le général estime que

le mal, la pourriture, la corruption se trouvent dans un camp et pas dans l’autre, ou alors que cet autre est appelé à se purifier à son contact

Élie Fayad met son doigt sur une incohérence fondamentale dans la stratégie de pouvoir du CPL. Afin d’intégrer le jeu politique, ce parti a dû s’allier d’abord à des petits patrons régionaux chrétiens (Suleiman Frangieh au Nord, Michel Murr au Centre et Elias Skaff à l’Est), pour ensuite s’allier à deux piliers du pouvoir quadripartite. Comment est-ce que le CPL justifier son combat contre la corruption et la classe politique en s’alliant à une partie d’entre elle? Ne perd-il pas de sa crédibilité ou fait-il preuve de pragmatisme? ou est-ce que cette alliance est juste une stratégie pour accéder au pouvoir ou a-t-elle d’autres incidences sur le jeu politique?

Approche analytique:

1. Élie Fayad, acteur politique (ou le renversement de la fonction professionnelle) 
L’introduction qui fait la moitié de l’article n’a pas beaucoup de sens si l’on se tient à son thème. Elle est aussi peu utile à l’argument de l’éditorialiste que la référence à Emile Zola.

“Que l’impertinence soit parfois salutaire, qu’elle suscite de nécessaires remises en question et brise le ronron de la médiocrité, nul ne saurait le nier. Au moins depuis le « J’accuse » d’Émile Zola, tout le monde convient que la vie publique ne peut que gagner en qualité à être secouée de temps en temps par un cri, une bousculade, un geste d’insolence”. 

L’inutilité d’un développement par rapport à l’argument central est en fait un indice qui nous invite à chercher son sens ailleurs que dans l’argument. La référence incongrue au “J’accuse”, par exemple, est manifestement un référent culturel qui agit en tant que marqueur identitaire qui sert à souligner l’appartenance commune du lecteur et de l’auteur à un groupe valorisant (cultivé, francophone, francophile…). De même, consacrer la moitié de l’article à un thème introductif qui aurait bien pu être résumé en deux lignes montre que l’enjeu de ce développement est ailleurs. La clef de ces développement se trouve dans le dernier quart de l’introduction, dans une sous-partie qui sert non seulement où le journaliste justifie sa démarche et s’en félicite.

“l’homme politique – ou le journaliste – qui dénonce l’impertinence de ce dernier ne fait en cela que confirmer son appartenance à l’establishment « pourri » qu’il est nécessaire d’extirper pour que le pays vive et prospère. Après tout, le « combien-Hariri-vous-paie-t-il-à-la-fin-du mois ? » est la phrase fétiche la plus répétée par de nombreux imbéciles à travers le pays et elle le restera encore longtemps. Pour répliquer à Michel Aoun, il faut donc changer de perspective. Ne pas critiquer son insolence, mais au contraire, son… manque d’insolence vraie ou, si l’on veut, son insolence calculée. Car elle l’est à plus d’un titre”.   

Nous remarquons ici l’identification extrêmement significative opérée dès le départ entre la figure du politicien et celle du journaliste. Ce tiret, dont la fonction en tant que signe de ponctuation devrait être celle d’encadrer une incise (de la même manière qu’une parenthèse), joue ici un tout autre rôle; celui d’un trait d’union. Effectivement, l’éditorialiste justifie ce rapprochement des deux catégories en laissant entendre qu’ils subissent les mêmes accusations de la part de Michel Aoun. Et suivant la logique, “même ennemi… même combat… mêmes armes”, l’éditorialiste met en commun leur fonction, rend les deux figures solidaires et se permet de glisser d’une catégorie à l’autre sans aucun souci. En fait, la confusion entres les deux figures ne provient pas de ce combat. Elle est manifeste au Liban depuis plusieurs décennies. Les médias ne sont pas un quatrième pouvoir, ce sont des boites à résonance politique, des auxiliaires d’un autre pouvoir, du seul autre pouvoir (qui se moque des distinctions fonctionnelles entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire). Cette confusion a des raisons structurelles (la liberté des médias va de pair avec leur absence d’autonomie financière et politique… et donc éditoriale) mais également conjoncturelles. La polarisation politique qui a marqué le pays depuis 2005 encourage cette solidarité, cette identification, et c’est sans parler de l’assassinat de deux journalistes (qui d’ailleurs relevaient des deux mondes journalistiques et politiques puisque l’un était patron de presse et député et l’autre éditorialiste et mentor de parti) dans une série d’assassinats politiques qui est venu sceller cette solidarité.

Revenons à l’article d’Élie Fayad, voyons comment il entend sa fonction, à travers le phrase qui sert à introduire le thème principal de l’article, et plus précisément à partir d’un verbe auquel il a recourt: “répliquer“. C’est ce qu’entend faire le journaliste: Répliquer à un politicien. C’est comme ça qu’il entend son rôle. Et il ira encore plus loin dans le paragraphe qui suivra puisqu’il accusera le politicien de “sélectivité thématique“, de “détournement” du “débat public […] de ce qui est essentiel pour tous vers ce qui ne l’est que pour quelques-uns“. Ici, Elie Fayad revisite la théorie américaine de l’agenda setting. Elle ne touche plus à l’information, d’ailleurs, vous l’avez remarqué, l’article, comme bien d’autres dans le journal n’en contient aucune. L’Agenda ici est strictement politique. Et le journaliste se propose de poser les priorités et même de définir ce qui est politique.

2. La définition du politique et la détermination des priorités
L’éditorialiste dénonce les priorités de Michel Aoun et présente les siennes. Il appelle cela la “sélectivité thématique”. D’après lui:

“la corruption financière est mise en avant alors que la corruption institutionnelle et toutes les autres formes d’atteinte au droit sont tues. Et pour cause : on y participe copieusement”. 

Cette phrase est particulièrement intéressante. La distinction entre “corruption financière” et “corruption institutionnelle” à vrai dire m’échappe. A mon avis, ce n’est que deux faces d’une même réalité. L’enjeu de cette distinction est à trouver ailleurs que dans la définition, peut-être à travers la figure symbolique représentative de chaque face… La figure de Rafik Hariri (ou de son successeur Saad Hariri, ou de son collaborateur Fouad Siniora) semble bien représenter la “corruption financière” en raison de l’instrument privilégié qu’il utilisait pour assoir son pouvoir et son réseau clientéliste. Alors que la figure de Nabih Berri semble bien représenter la “corruption institutionnelle” en raison de l’instrument privilégié qu’il utilise pour assoir son pouvoir et son réseau clientéliste. La distinction entendu de cette manière vise donc à dénoncer l’alliance avec l’une des figures contre l’autre figure… De la même manière, lorsque Élias Fayad mentionne les “autres formes d’atteinte au droit“, il semble viser le Hezbollah… Ce ne sont finalement pas les priorités de CPL qui sont critiqués, mais ses alliances politiques.

En fait, il y a très peu question de politique à proprement parler dans cet éditorial. Comme nous l’avons vu, l’éditorialiste s’intéresse d’abord  au discours politique, et plus particulièrement à la communication politique d’un homme. Puis, au moment où il veut rétablir les priorités, il évacue d’une seule phrase expéditive tous les éléments politiques pour s’attarder sur la géopolitique. La digression géopolitique d’Élie Fayad s’étend sur 100 mots. C’est à croire que l’éditorialiste réduit la politique à la géopolitique (ou même les confonds). Et là, il nous livre un indice sur la manière dont il mesure l’importance d’une considération politique, qu’il établit l’ordre de priorité que les politiciens devraient suivre:

Cette question n’est-elle pas à l’heure actuelle plus angoissante […]?”.

C’est l’angoisse qui détermine la priorité, la question de l’heure. Et cette angoisse est géopolitique… En fait, je me serais pas attardé aussi longtemps sur cet article si la lecture d’Élie Fayad n’était pas symptomatique de l’ambiance politique dans laquelle nous sommes plongés depuis 2005: bipolarisation en milieu chrétien autour d’une figure, mobilisation communautaire en milieu non-chrétiens, militantisme et embrigadement des médias, et l’emprise des émotion, et surtout de l’angoisse. Cela ne fait pas disparaitre le politique, mais obscurcit considérablement son analyse par ceux qui y participent.

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The great awakening of Syrian sectarianism

Posted by worriedlebanese on 13/06/2011

A syrian blogger's idealised vision of the Syrian revolt

As I listened to the news today from Syria, I had a strange feeling of having heard that story before. The people interviewed were giving their version of the events in Jisr al-Shughur… but the stories they told were exactly like the ones I heard about Dar’a a couple of weeks back:
– Massacres of Sunnis, especially sunni soldiers who were not willing to shoot at other sunnis.
– Alawite paramilitaries helped by Iranians and Hezbollah (“other Shiites”)
There were only two ways to explain the similarity between the two narratives: either the events they were describing were being repeated or a sectarian rhetoric had crystallized into a solid narrative that is circulating within some circles of Syrian society.

Flashback
Four weeks ago, I spend an evening with a Syrian family from Dar’a discussing the situation in their hometown. It wasn’t really a discussion. I sat for almost two hour listening to them, and only asked a couple of general questions to encourage them to talk about their personal experience. As expected, they were very emotional about what was going on: They had after all fled their town because of governmental violence, and they seemed to know some protesters who were killed. It was actually quite hard to get any “hard” information from them. Sure they described some events, gave a couple of names (of people and locations) and even threw in a couple of figures. But most of what they said was based on hearsay and they constantly shifted between a “victimisation narrative” and a “heroic narrative”. In both cases, the arguments were selected and adapted in a way to suit the narrative’s objective.
What struck me at the time was the sectarian lens through which they perceived all the events that they described. Sectarian discourse had long been taboo in Syria, and one could only hear it in closed circles and in veiled language. Syrians usually mocked Lebanese for their sectarian discourse and sectarian system, and prided themselves for being “non-sectarian”. Now things seemed to have radically shifted. Syrians were resorting openly and unashamedly sectarian analysis and were using an extremely violent sectarian discourse.
Here I was talking to a sunni family that proudly mentioned during our conversation its communal belonging, and even mine (on one occasion when they spoke of the rights of the majority – ie Sunnis – and felt that they had too reassure me by telling me that they bore no ill feelings toward non-alawite minority groups).

Fact or Fantasy?
The current dynamic within Syria is certainly sectarian. The bloody Dar’a repression quickly transformed a mostly cross-sectarian economical revolt into a sectarian political/economical revolt. And this was extremely clear in Lattakié where alawites withdrew from the protestations and sunnis joined them in greater numbers… and syrian troops left Alawite villages and neighbourhoods while they took control of sunni villages and neighbourhoods. Needless to days Bachar Assad broke the “social contract”, following Qaddafi’s footsteps. In the Libyan case this social contract was tribal in nature (and violations started a couple of years ago), in Syria it was communal in nature. The break in the Libyan case was complete, and the country is today completely divided on tribal lines. In the Syrian case, the situation seems more complicated. Symbolically, the tacit social contract is between two communities: the alawite minority and the sunni majority. But as communities are not organized political bodies but a complex blend of institutions, networks and mental representations, the real “covenant” is between the elites within both communities… and this covenant has up to now survived what can be interpreted as sectarian violence: the victims of the repression are mostly sunnis (especially among the killed), and the alawite community is today mobilized behind the Baasist regime that is now widely perceived as being “alawite” and as supporting alawite interests. One has to speak of “perception” here because the “objective” reality is quite possibly very different from what is subjectively perceived, and in any case, it doesn’t really matter. Perceptions and discourse can over-ride reality and symbolic elements can have a larger impact than deeper structural realities.

The sectarian lens goes regional
As we have seen, there is an obvious sectarian dimension to the revolt/repression. But what is even more obvious is the sectarian lens has become prevalent in the political discourse and in political analysis: both sides interpret the political situation in Syria in exclusive sectarian terms. The Syrian regime insists on the sectarian dimension of the revolt and dubs it “salafism” (i.e. a version of sunni religious extremism). While opposition groups and their supporters insist on the sectarian dimension of the repression/regime (and calls it Alawite or Shiite). And both parties claim to be non-sectarian and accuse the other of playing sectarian politics. Actually, one of the main traits of the sectarian lens is that it refuses to acknowledge that it is sectarian in its nature (much more than the communal reality it is supposed to be “neutrally” observing).
The situation in Syria is actually quite similar to what happened in Lebanon when the sectarian lens became prevalent in political analysis and political discourse.
What is new today in Syria is that the lens has taken an important “regional” scope. The sectarian geopolitical approach (that can be considered as a prevalent bias in today’s geopolitical analysis) has fed the national sectarian narrative. The alliance between Syria, Iran and Hezbollah which actually benefits the interests of the three parties is seen as being a sectarian one. It’s true that Iran and Hezbollah share a strong shiite religious identity… But extending it to the Alawites is stretching it a bit too far and giving too much credit to the Alawite’s discourse.
The claim that Iran and Hezbollah are participating in the repression has not been supported by any fact. It resembles the claim that Hezbollah participated in the iranian crackdown against the Green revolution.
Such accusations are made quite lightly and no serious investigation is done to verify the claim. If they were proven to be true, this would have serious implications to Syrian politics, but also Lebanese politics.

  • For Syrian politics. The big difference between Syria and Lebanon is that the Syrian political class has always objected to foreign meddling in its affairs (while the Lebanese political class actively welcomed it before 1943 and after 1958). If Hezbollahi and Iranian direct intervention were proven to be true, that would mean that the Baasist/Assad regime has changed the nature of the syrian political game.
  • For Lebanese politics. Hezbollah has already a first hand experience in political repression (May 6, 2008). But that was a very short one. Any implication in the Syrian repression would mean that it would be furthering its experience in scale and scope. And it would be the first Lebanese actor to have meddled in another state’s affairs.

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Nadim Shehade’s interesting take on “Sectarianism”

Posted by worriedlebanese on 27/04/2011

Nadim Shehade, made an extremely interesting contribution last week to a discussion launched by Elias Muhanna on his blog Qifa Nabki. I was at first struck by the way he introduced the subject. It reminded me of the clumsy attempt I had made a couple of years back to respond to Nawaf Salam’s take on Lebanese sectarianism when I told him that it is of no surprise to “observe” sectarianism when one is looking through sectarian tainted glasses. By that I introduce my approach of distinguishing between different dynamics (regionalism, factionalism, ideology, economical interests, clientelism…), and not blurring the differences by putting them under the same heading.  
Please read carefully this text by the former director of Oxford’s Centre for Lebanese Studies and present researcher at Chatham House. He pinpoints all the methodological errors and assumptions most of us make when looking into countries with deep or significant communal divisions. 

Sectarianism, like beauty, is more often than not in the eye of the beholder. One can interpret a situation as ‘sectarian’ and there may be some elements in it that are related to tension between sects; but the underlying causes and drivers may be totally secular.

There are three ways of looking at it:

  1. As a perspective related to the observer who sees sectarianism everywhere.
  2. As a reality on the ground – where tensions are real and incidents have sectarian dimensions
  3. In relation to the political system and how it deals with divisions and whether it increases or decreases sectarian tensions.

There are so many myths that would fall just by distinguishing between these three points.

In Syria for example: Is the regime really Alawi? Is the system ‘secular’?
Similar questions for Lebanon and for Iraq.

Analysts on Iraq emphasised sectarian divisions, whereas intra-sectarian divisions were as important. In the end are these not legitimate political divisions in which sect plays a part?

In Lebanon, the system is ‘confessional’ or sectarian. But the reality on the ground is a division which is deeply political between two very legitimate world views which divide every ‘sect’, every community and even every family. It is the beholder who chooses to give it a label of sectarian, that March 8 are ‘Shiaa’ or Shiaa means Hizballah. The Christians are ‘divided’? who said they have to be united in the first place? because they are Christian they have to be united, so the sectarian glasses do not fit with reality and we conclude that they are divided.
When politicians play with the electoral law to gerrymander the result, is that sectarian?
Is power-sharing sectarian? maybe such a system has allowed for political divisions to become more significant.

Going back to Syria – There is a network that dominates which has an interest in perpetuating the system. It is too simple to say that this is a Alawite dominance, there is hegemony by a network of a family that happens to be Allawite and has coopted many people from all other sects – Sunnis, Christians, Ismailis, Druze, etc.. etc..

The tautology of the argument is the following: A society that is composed to many sects cannot have democracy because of the sectarian divisions – a ‘secular’dictatorship would put the lid on it. But the other side of that coin is that this same society would not contain all these sects in the fist place had they not been able to coexist all that time.

[In Turkey] The Turkish model of secularism is also that Attaturk, in order to have a secular and cohesive society, had to get rid of the Armenians, the Greeks, the Assyrians, the Arabs and the Kurds.

I want to suggest that the present ‘secular’ regime in Syria is likely to exacerbate sectarian tensions whereas a democratic power-sharing arrangement, similar to the ones in Lebanon and the one evolving in Iraq, would decrease such tensions.

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Political discourse needs some spring cleaning

Posted by worriedlebanese on 10/04/2011

I was quite shocked when I read the Bil’in Popular Committee’s press release following the assassination of Juliano Mer-Khamis. It read:

The popular committees against the wall and israeli occupation express their deep sadness and sorrow to the murder that happened in Jenine today against the activist and director Juliano.
The popular committees see this act as part of the escalation politics exercised by israeli occupation. These politics permits such horrific acts. Therefore, we hold the israeli occupation accountable and fully responsible for such acts. […] Regardless that this act was committed on an occupied land , we believe that the killing of Juliano only serves Israeli interests”.

The saddest thing about this press release is that it is not even “tailor made” to suit the particular case. It obeys a abstract and rigid format that could apply and is applied to all crimes or heinous acts. The standards were set by oppressive regimes and their servile media across the Middle East. If any violent act with political repercussions is made, it is always convenient to accuse Israel, to denounce its regime and consider it accountable for any similar act… and finally end the statement by saying that this act serves Israeli interests.

It is very said to witness a dynamic and young NGOs fighting for a just cause (ending occupation and Israeli encroachment on Palestinian land), such as Bil’in Popular Committee, repeating that discourse and parrotting those regimes.

Not everything can be blamed on Israeli policies (occupation and violent escalation). Isn’t there enough stuff one can rightly blame israeli occupation and violence for? Doing it systematically on things that cannot be directly attributed to israeli acts and policies only discredit legitimate accusations and denunciations!

Affirming that Juliano Mer Khamis was probably killed by the same people who had repeatedly threatened him, and denouncing the violent and intolerant groups within Palestinian society that should be held accountable for such crimes is not a sign of weakness but an important step toward strengthening Palestinian society, deepening its understanding of pluralism and diversity and liberating it from the forces of oppression (be they local or foreign).

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The tale of two sanctities: (الحقيقة (المحكمة الدولية v. (المقاومة (السلاح

Posted by worriedlebanese on 11/08/2010

I’ve been reading a lot of articles lately written by March XIV® journalists and analysts, and I’ve come to realise that their attachement to الحقيقة (the truth), is not only as strong as their Opposition® counterpart’s attachement to المقاومة (the resistance), but that it functions in exactly the same way. Underneath a rather abstract political heading lies something quite concrete that is considered as having a kind of sacred quality that cannot be questioned or opposed. In March XIV®’s case it’s the Special Tribunal for Lebanon, in the Opposition®’s case it’s Hezbollah’s weapons. Both sides argue in the same way and try to convince you that their goal is to defend Lebanon from further bloodshed. They obviously stick to principles and refuse any “practical” discussion of the matters at hand. What makes matters worse is that each argument is supported by a large communal mobilisation (that opposes the other side’s communal mobilisation and feeds on it) and that there is no autonomous or independent spaces in which these issues can be discussed (ex: the press or academia). Let’s have a quick look at each sides arguments.

Lebanon’s salvation according to March XIV®

The March XIV® supporters will argue that the Special Tribunal for Lebanon will not only establish who killed Rafik Hariri, but will punish the perpetrator(s). They insist that even if its function is punitive, its sanction will set a precedent, it will counter the previous impunity, and will thus fill a preventive function. This argument is supported by three other rhetorical constructs:

  • the hagiographical transformations of Rafik Hariri: the public figure eclipses the man, and his actions are revisited and redefined by the virtues he is made to incarnate… and the political principle he is made to embody, that of sovereignty and new “father” of the nation,
  • the Beirut Spring/Independence Intifada narrative, the March 14 demonstration brought together Lebanese citizens belonging to all communities (especially Christian, Sunni and Druze) to uphold Lebanon’s Independence and Sovereignty. It’s a sort of “birth/rebirth” of the nation.
  • the panmarteon: the common celebration of “greater” and “lessor” political figures who were killed between 1979 and 2006 (such as Kamal Jumblatt, Bachir Gemayel, Hassan Khaled, René Mouawad, Samir Kassir, Georges Haou, Gebran Tueni,)

Lebanon’s salvation according to the Opposition®

The Opposition® supporters will argue that Hezbollah embodies the principle of Resistance. Its weapons were proven crucial in liberating Lebanon from Israeli occupation, and are still necessary for the recuperation of areas still under Israeli occupation, and for dissuading Israel from attacking Lebanon. This argument is supported by three underlying rhetorical constructs:

  • the strictly defensive function of Hezbollah’s weapons: to counter exterior threats, and the only exterior threat comes from Israel. This defensive function is considered as having a protective and preventive (dissuasive) effect.
  • The resistance narrative: Hezbollah not only fights Israel, but it prevented it from annexing Southern Lebanon, eventually liberated the territory occupied by Israel, and still prevents Israel from invading and annexing parts of Lebanon.
  • The moral superiority doctrine: Hezbollah is presented as morally superior to other political parties because of the values that it allegedly incarnates: courage, sacrifice and (for some) religious orthodoxy. Its moral superiority means that it doesn’t compromise on its values and that it doesn’t sully itself in politics (patronage, corruption…).

Mistaking the wood in one’s eye for dust

Each side is very quick in attacking the other’s arguments. The March XIV® have always been much more vocal about their criticism of the Opposition®’s arguments. Their militant journalists and second rank politicians usually denounce the danger that these weapons represent (in a democracy). Some critics go further and attack the moral superiority doctrine, or the resistance narrative. Although their criticism is often justified, it often turns into verbal attacks that are not always immune from anti-shiite sentiments (rarely direct and explicit, but at times quite clearly anti-shiite and most of the times considered by Shiites as being attacks on their community symbolised and represented by Hezbollah). The Opposition is less vocal in its criticism of the March XIV® argument. It usually refrains from criticising or deconstructing the three supportive rhetorical constructs (although much can be said about them) and limits itself to denouncing the work of the Special Tribunal for Lebanon. But this rather “non-offensive” strategy is compensated by recurrent threats, accusations of treason and the actual use of force (on May 7th 2008). It is quite obvious that self-criticism is non existent. The Opposition® is always self-righteous, and March XIV pretends to be self-critical, but this is usually cosmetic and turns into a more sophisticated exercice in self-righteousness.

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وين الدولة, la rengaine de Sibylle R

Posted by worriedlebanese on 10/08/2010

Je suis tombé sur deux articles signés par Sibylle Rizk, journaliste à l’Orient-Le Jour en lisant une vieille édition du Figaro (celle du vendredi 6 août): Le Liban apprend à vivre sans Etat et La rengaine d’Abou Ali. Le premier article se présente comme une analyse de fond, un “éclairage” sur les raisons derrière le classement du Liban au 34e rang des Etats défaillants. Le second article s’ouvre sur un “portrait”, celui d’un chauffeur de service (taxi collectif), Abou Ali. Ce deuxième article nous offre, sans même le réaliser, une clef d’analyse extrêmement précieuse qui nous permet de mieux comprendre le premier. Sibylle Rizk nous apprend que Abou Ali répète continuellement “ما في دولة بهالبلد”, “Il n’y a pas d’État dans ce pays”, “C’est son expression favorite. Il la répète chaque fois que l’un de ses passagers lui raconte ses déboires”. L’ensemble de l’article est construit autour de cette expression favorite d’Abou Ali. La journaliste la prend comme illustration d’une sorte de sagesse populaire. Mais d’un point de vue analytique, on réalise bien que ce n’est qu’une rengaine, une expression creuse qui ne fache personne, une formule consensuelle qui fait l’unanimité. Elle désigne un bouc émissaire en quelque sorte abstrait, une personne morale (comme diraient les juristes), une institution désincarnée. Cette rengaine se veut comme la conclusion d’un raisonnement, mais en fait c’est une premisse. Cette expression fait figure d’une formule magique qui permet à celui qui la profère de faire l’économie de l’analyse d’un problème et de la recherche d’une solution. Cet article nous montre bien que l’usage de cette formule est le même à tous les niveaux: au niveau de la population (à travers l’exemple d’Abou Ali), au niveau des analystes (un économiste et un sociologue), au niveau des journalistes (Sibylle Risk), et même au niveau des ministres (représentés par Charbel Nahas).

Par définition, une prémisse est considérée comme évidente par elle-même. Elle ne nécessite donc aucune démonstration. Et en l’occurrence, tout dysfonctionnement (ou tous les dysfonctionnements) de l’Etat devient l’expression de son absence, et non pas le résultat de quelque défaillance structurelle ou de l’action (volontaire) de ses agents.

Sibylle Rizk se permet de titrer son article “Le Liban apprend à vivre sans Etat”, comme s’il s’agissait de l’Afghanistan. Seulement, ce titre cache une toute autre réalité. L’Etat libanais est de loin le premier acteur économique, le premier employeur, le premier assureur (avec une sécurité sociale dont une large portion de la population bénéficie), le premier éducateur (son réseau est depuis près de deux décennies le premier réseau éducatif du pays), le seule régulateur économique et bancaire, et quasiment le seul acteur public (l’Etat est structurellement extrêmement centralisé et rechigne à reconnaître toute autonomie aux institutions publiques ou à partager le pouvoir avec des autorités locales). On est bien loin d’une absence…

Faux et usage de faux

Charbel Nahas se permet de dire que “L’État comme cadre formel de gestion organisée des affaires de la population n’a cessé de reculer, que ce soit en termes de qualité des prestations ou d’emprise sur la population libanaise». Ceci est absolument faux. L’Etat n’a cessé de s’étendre depuis les années 1940 et à étendre son emprise sur des secteurs de l’économie. Les services qu’ils proposent n’ont cessé de croître. On pourrait à juste titre relever que la qualité de certains services laissent à désirer… mais on ne peut pas prétendre que son emprise sur la population a reculé! L’Etat au Liban est partout. C’est un mammouth colossal dont dépend une grande partie de la population. Et ses décisions affectent tout le monde.

Charbel Nahas surenchérit en disant «La dette publique, qui représente 150 % du PIB, est le reflet le plus éloquent de cet effritement», «Ce qui restait de l’État, à savoir sa fonction financière, a été asservi au bénéfice des groupes subétatiques que l’on appelle “communautés”». C’est également faux. La dette publique est le reflet d’une politique économique, celle des gouvernement successifs de Rafic Hariri (au temps du “mandat” syrien), et non pas «le reflet le plus éloquent de cet effritement». Et en ce qui concerne les bénéficiaires de ce soit disant “effritement”, ce ne sont pas les “communautés” qui restent au Liban des corps non organisés et non représentés (l’Etat ne leur reconnaît pas de representants politiques, mais uniquement des représentants religieux…), mais plutôt des réseaux clientélistes dont les patrons respectifs revendiquent  aujoud’hui (tout en s’en défendant) une représentation communautaire (que les institutions ne leur assure pas).

Melhem Chaoul se permet de revisiter l’histoire libanaise à partir de la prémisse “ما في دولة بهالبلد” en la déformant systématiquement. Il oublie que la France nous avait doté d’un système judiciaire aussi compétent qu’efficace, que sous le mandat de Camille Chamoun les capacités de l’Etat ont été renforcés (politique économique, politique étrangère, début de la planification et de l’expansion de l’éducatif publique), que sous Fouad Chehab il y a eu à la fois des reculs et des avancés, que sous Charles Helou l’Etat a renforcé son emprise sur plusieurs secteurs économiques (bancaire et aviation), et que même la guerre civile n’a pas empêché l’accroissement de l’Etat (surtout le secteur éducatif et l’administration publique). Dire que l’Etat Libanais est né incapable est une insulte au pays et à notre intelligence. On croirait entendre Hafez el-Assad dont le discours avait comme seul but de déligitimer le Liban.

Et puis, le pon-pon: “C’est ainsi que le pays a pu fonctionner de novembre 2006 à mai 2008 avec un Parlement bloqué qui déniait toute légitimité au gouvernement en place et que la présidence de la République est restée vacante pendant six mois”. Ceci n’est pas la preuve de l’absence de l’Etat, mais au contraire de sa solidité. Les services ont continué à fonctionner en dépit d’une crise du régime extrêmement grave… une crise du régime qui n’a pas affecté le pouvoir en dépit des blocages institutionnels (qui ont commencé avec la neutralisation du Conseil Constitutionnel et de la présidence de la République par le Quatorze Mars®, et ont été suivi par la neutralisation du Parlement et la déligitimation du gouvernement par le tandem Hezbollah-Amal). Le problème est manifestement pas celui de l’absence de l’Etat mais du comportement de ses agents (surtout les ministres, le Premier ministre et le Président de la Chambre), et de l’absence de mécanismes institutionnels correcteurs (arbitrage, dissolution, révocation…). Mais ceci pourrait fâcher quelques personnes en leur faisant assumer leur responsabilité… donc répétons en coeur: ما في دولة بهالبلد. une formule consensuelle dont l’effet est soulageant.

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“Eclairages” sur le premier Congrès Diasporique Druze

Posted by worriedlebanese on 20/07/2010

En lisant ce matin quatre compte-rendus sur le Congrès Diasporique Druze organisé la veille au BIEL (Solidère), j’ai eu l’impression de suivre une leçon magistrale sur les malheurs du journalisme libanais. Il s’agissait donc pour les rédactions d’informer leurs lecteurs sur la tenue d’un congrès. Ce genre d’exercice journalistique peut-être conduit de différentes manières: la reproduction des interventions orales (intégrale, résumée, ou sélectionné), l’entretien avec une ou plusieurs personnes présentes, l’analyse de la thématique et des enjeux du congrès… C’est une question de choix rédactionnel (le journaliste choisit  un angle) et de culture journalistique. Observons ces choix et la culture journalistique qu’ils reflètent.

Al-Akhbar, sous le titre “Ouverture du premier congrès diasporique druze” (افتتاح المؤتمر الاغترابي الأول للدروز) nous propose une sorte de première dépêche de l’événement. L’information est claire et succinte. Elle est issue de la grande tradition des communiqués de presse arabes dont voici le format rigide: phrase introductive qui précise que l’évènement a réuni un grand nombre de personnalités; phrase centrale qui n’est autre qu’une citation d’un homme politique (en l’occurrence, Walid Jumblatt; phrase de conclusion qui “contextualise” (généralement par rapport à d’autres déplacements de politiciens) ou “évalue” (toujours une grande réussite) l’événement. Le seul élément qui pourrait titiller la curiosité du lecteur est le segment de la présentation des personnalités présentes qui mentionne “la délégation de Sheiks Druzes des territoires de 1948” (c-à-d Israël) avec la précision qu’ils sont “arrivés au Liban il y a deux jours en traversant la Jordanie et la Syrie” pour rassurer les lecteurs qu’on est pas en présence d’un acte de collaboration avec Israël.

An-Nahar sous le titre “Joumblatt à l’ouverture du Premier Congrès Diasporique Druze: “avec la Syrie, nous avons établie la formule définitive de l’entente interne” (جنبلاط في افتتاح “المؤتمر الاغترابي الأول للموحدين الدروز”:
مع سوريا وضعنا الصيغة النهائية للتسوية الداخلية) nous livre une variante de la première formule. Elle épouse les même règles que la première mais en plus détaillée, au lieu de trois phrases, nous avons droit à trois paragraphes: un paragraphe de présentation des personnalités, un grand paragraphe d’extrait de discours (de politiciens, évidemment), et un court paragraphe de “contextualisation” ou “d’évaluation”. Notons que dans le paragraphe de présentation, le journaliste Amer Zeineddine (عامر زين الدين) nous informe de la présence “d’une délégation druze d’Arabes de Palestine [عرب فلسطين] présidée par Aouni Kneifess” et lui concède un petit extrait de son allocution.

Le compte-rendu du journal As-Safir reprend la même formule “extensive” qu’An-Nahar sous un titre similaire  “Joumblatt à l’ouverture du premier Congrès Diasporique Druze: Nous sommes l’avant-garde de la voie arabe … Et les instants d’errance sont du passé” (جنبـلاط فـي افتتـاح المؤتمـر الاغترابي الدرزي الأول: نحن طليعة الخط العربـي… ولحظات التخلي انتهت). L’article de Jaafar Antari se distingue par un témoigne sur les interrogations et la speculation autour des résultats escompté de ce congrès: aboutira-t-il au “rassemblement des Druzes du Liban et de l’étranger” ou se contentera-t-il d’être “une plate-forme pour des déclarations politiques”? Evidemment, l’article ne propose aucun élément de réponse, mais il fait passer un commentaire sur la délégation druze “en provenance de la Palestine occupée” (circonlocution de circonstance), “arrivée au Liban via la Syrie” (gage de respectabilité). Le journaliste note en passant que la table à laquelle était placée la délégation est devenu le centre d’intérêt de la soirée et qu’elle a attiré vers elle à plusieurs reprises Walid Jumblatt qui venait par moment pour la féliciter et par moment pour la rassurer. Ce genre de phrase est dans le style journalistique libanais une invitation “à lire entre les lignes”, pratique qui au lieu d’informer ne fait que confirmer les préjugés du lecteur initié. Pour un article plus intéressant sur la dynamique

Mais le pompon revient à l’Orient-Le Jour avec l’article intitulé “Les druzes d’Israël parviennent à briser le blocus en venant au Liban“, franchit allègrement la complaisance de ses confrère et verse dans la propagande de style héroïque. Au lieu de quelques circonlocution politiquement correcte, la rédaction journal préfère l’emphase avec un désintérêt total pour la réalité décrite. Le titre annonce la couleur: Il parle de blocus, alors que ce qui empêche la visite de cette délégation druze sont deux lois identiques de part et d’autre de la frontière libano-israélienne: les deux pays interdisent le voyage de leurs citoyens vers un pays ennemi et interdisent aux citoyens de l’autre pays de se rendre dans leur pays. Donc en principe, ces dignitaires n’ont pas seulement “bravé l’interdit des autorités israéliennes”, mais également la loi libanaise. Mais on peut noter qu’il existe une exception à cette interdiction légale, et elle touche les hommes de religions: ceux-ci peuvent faire ce déplacement sans trop d’encombres… Et il le font. Les synodes maronites, arméniens et grecs-catholiques comprennent souvent des prêtres venus d’Israël (qui d’ailleurs sont parfois de nationalité libanaise). D’ailleurs, ce n’est pas la premières fois que des dignitaires Druzes de nationalité israélienne se rendent au Liban, ce n’est donc pas “une première”. Comme les trois autres journaux libanais, rien n’est dit sur la particularité des Druzes israéliens et de leur rapport avec l’Etat d’Israël, autre qu’une allusion de Walid Joumblatt sur “le courage” de cette délégation dont les membres ont “refusé de s’enrôler dans le service militaire obligatoire en Israël”. Allégation qui au demeurant reste à vérifier…

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The secular march… what next?

Posted by worriedlebanese on 14/07/2010

What is future of the Lebanese Laïque Pride? Salman al-Andari offers us an informed glimpse at what lies ahead for this dynamic group of Lebanese in an article published by the  Nahar al-Shabab: “The secular march… what next?“. He asks three people involved in this march what future steps should be undertaken to achieve their goal. A quick look at their answers shows that they are facing huge problems that were perceptible from the onset: There’s a whole lot of ideology (and ideological confusions), the goal is general and vague, and the action plan unfocused.

Instead of analysing their arguments, I believe it would be more interesting to try to suggests some concrete and profitable future steps. But I honestly can’t do it because the goal is too vague and the ideological matter too thick. This is not really the “Laïque Pride” groups fault. The issue they are tackling, secularisation/secularism/laïcité, is an extremely ideological one. This is particularly true in Lebanon (with our consociative system and its anti-confessionalist rhetoric and program) and France (with its particular blend of republicanism and its religious history and anti-religious rhetoric). So basically, here are the problems they are facing:

– “Laïque pride” is running under a highly ideological banner, that of Laïcité. This word is extremely tricky because its definition speaks of absolutes while its history is that of compromises. Moreover, laïcité presents itself as an abstract and universal principle, while it is grounded in a very particular history (that of France) and owes a lot to it.

– “Laïque pride” embraces a very common reading of Lebanese politics that is extremely ideological and misleading: it adopts the constitutional program for the abolition of confessionalism, it confuses State-Religion relations with Society-Religion relations, it opposes communalism and secularism… Its Arabic name is even more emblematic, “the seculars’ march towards citizenship”, which fits perfectly with other slogans used by the political class such as “abolishing confessionalism to give birth to the nation” (what I call national negationism, a virulent type of national self-loathing), or “building the state” (delusion at its best, we’ve got a huge and expensive state). Is there a more effective way to disfranchise citizens than by refusing to acknowledge the rights that they already have?

Is there a way out of this? Obviously, but it won’t be simple. There’s a whole lot of intellectual work that should be done. And this type of work takes time and needs a lot of ressources. And like all intellectual activities, its only reward is intellectual. I’m not sure that Laïque Pride is really interested in “intellectual rewards”. They want change and they want it now. And this attitude is the reason for their success. Anti-confessionalists in Lebanon are comfortable in their certitudes and they are frustrated by what they perceive is a lack of change on this issue (this perception is erroneous… the Lebanese political system is all but static, and it has been undergoing constant changes since the 1920s… all of them allegedly reinforcing the so-called “confessionalism”, but actually diverting it and changing its meaning).

What are the risks of avoiding this “intellectual work” and remaining in these murky ideological waters? I believe this would condemn the goal to remain general and vague, and the action plan to remain unfocused. How much would this hinder “Laïque Pride”… I’m not so sure. The group didn’t propose any new content, what it did is offer a new packaging and a new methodology. It repackaged the dominant anti-confessional rhetoric, put it under a new label “laïque pride” (likely to attract a westernised middle class crowd), functioned as a network and used Facebook as a mobilising tool. The group proved that it was rather good in what it did. To sum things up, there’s a conventional side to “Laïque Pride” (its substance) and an innovative side to it (its form). It’s not clear how long the innovative dimension will remain. When asked about the future step “Laïque Pride” should undertake, the three activists interviewed by Salman al-Andari gave extremely conventional answers. They proposed what other organisations have been doing for years.

So at the end of the day, Laïque Pride can be summed up as a particular moment in “anti-confessional” activism in which a new generation takes possession of a heritage and gives it a facelift. Its success and its failing will be those of the “anti-confessionnal” movement, that has always been politically hijacked by communal leaders and patrons (Kamal Joumblatt yesterday, Nabih Berri today), and its only horizon seems to be the civil marriage proposition which will condemn all Lebanese who seek to avoid religious law to a conservative, patriarchal and bigoted alternative (check out the Hraoui proposition if you’re not convinced) deemed good because “secular”, instead of allowing them to choose more liberal laws abroad.

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La “droite” libanaise essaie de limiter les dégâts

Posted by worriedlebanese on 24/06/2010

Une bonne semaine après la “bombe Joumblatt” (l’expression est de Philippe Abi Akl, l’Orient-Le Jour, 23/6/10), je suis à me demander si Walid Joumblatt n’avait pas plutôt raison de qualifier la sois-disant “droite” libanaise de la droite la plus bête au monde. Depuis quelques jours, elle s’efforce à “limiter les dégâts” que la séance parlementaire du 15 juin a eu sur son “image”.

Voici les déclarations de quatre politiciens chrétiens (de deuxième et de troisième rang) sur la question des droits civiques et sociaux des Palestiniens du Liban qui illustrent bien cette tentative maladroite qui au lieu de réparer les dégâts jette une lumière sur le problème de fond.

La palme d’or revient à Fares Soueid dont la mauvaise fois peut rivaliser avec celle de Walid Joumblatt, avec le talent en moins. Pour lui, en ce qui concerne la cause palestinienne, le Liban « a dépassé les anciens clivages », alors que tout dans le débat parlementaire de mardi dernier signalait le contraire. Et comme ceci n’était pas suffisant, il nous explique comment la réconciliation s’est faite entre les ennemis d’hier, l’OLP et la “droite” libanaise représentée par le parti Kataeb. Pour lui, c’est une sorte de valse à trois temps: D’abord «l’OLP a pris l’initiative en 2007 d’admettre sa responsabilité dans la guerre civile au Liban. Cette initiative a permis une purification de la mémoire de la guerre et a réconcilié entre eux les anciens adversaires ». Ensuite,  le parti Kataeb organise un congrès sur le thème « Vérité et réconciliation » en 2007  auquel s’est associé Abbas Zaki (l’ancien représentant de l’OLP au Liban). Et au final, la communauté sunnite qui, durant la guerre, affirmait que les milices Palestiniennes étaient « l’armée des musulmans » a également dépassé cette étape. Le résultat pour Fares Soueid est évident: « la cause de la Palestine concerne tous les Libanais, et non une communauté à l’exclusion des autres ». Croit-il vraiment à ses bobards? Dans l’affirmatif, c’est inquiétant, dans la négative, c’est navrant.

Ensuite, nous trouvons le député Atef Majdalani qui se rabat sur un discours ‘juridicisant’ pour essayer de justifier sa position inconfortable au sein du courant du Futur (bloc parlementaire à 2/3 musulman plutôt favorable au vote immédiat des amendements des droits des Palestiniens du Liban): Il a rappelé aux Palestiniens qu’à l’exercice de tout droit fait pendant le respect d’un devoir. Cette logique vaut pour les droits politiques. Peut-on vraiment l’étendre aux droits sociaux sans compromettre nos principes fondamentaux? Evidemment pas, mais le flou du raisonnement est manifestement tellement comfortable pour Atef Majdalani!

Enfin, Michel Pharaon et Boutros Harb invitent le gouvernement à se saisir de la question des droits des Palestiniens en invoquant un argument institutionnel: la séparation des pouvoirs et des fonctions… argument absurde dans un régime parlementaire basé sur le principe de collaboration des pouvoirs, qui de plus est connaît un gouvernement d’union nationale dans lequel les 2/3 de l’assemblée est représentée. La logique derrière leur argument m’échappe. Après tout, le gouvernement représente la quasi totalité des blocs parlementaires, et les mécanismes décisionnels sont similaires dans les deux instances et butte sur les mêmes problèmes: clivage confessionnel et partisan, politisation extrême, concentration du pouvoir entre les mains d’une dizaine de Zu’ama qui commandent quasiment l’ensemble des députés et des ministres.

Enfin, le propose de M. Massoud Achkar se distingue par son honnêteté intellectuelle. Ce dernier estime la question extrêmement délicate, « compte tenu des données démographiques et des équilibres du pays ». Il lance des pointes à Joumblatt en demandant de mettre ces questions  «à l’abri des surenchères et des intérêts personnels » et surtout qu’elles soient abordées sur le plan technique « loin des médias », « afin que la présence exceptionnelle et provisoire des Palestiniens au Liban ne devienne pas permanente et ne pèse pas sur la société libanaise ». Il souligne donc la raison de “l’inquiétude de la droite” auquel faisait référence Joumblatt (c.f. billet d’hier), dénonce la démarche démagogique de Joumblatt (s’il voulait vraiment faire avancer la question des Palestiniens, il aurait agit différemment (en s’adressant directement aux Chrétiens et à “leurs” politiciens pour les rassurer), et reformule l’aporie de la présence Palestinienne au Liban (un provisoire qui dure depuis 62 ans!). S’il avait rajouté la mémoire chargée de la guerre qui est marquée par l’absence de réconciliation entre les Chrétiens et les Palestiniens du Liban (n’en déplaise à Fares Soueid), il aurait souligné toutes les questions qui restent à  assainir entre ces deux groupes.

(à suivre… Demain la suite)

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Back to the future: “Lebanese Left” vs “Lebanese Right”

Posted by worriedlebanese on 23/06/2010

For over a week, we’ve been reading a lot of things about the heated parliamentary debate on Tuesday 15th of June 2010 triggered by four bills (that no lebanese newspaper published) presented by Walid Jumblatt (head of the PSP, Druze MP of the Chouf), Elie Aoun (member of Jumblatt’s Democratic Gathering, Maronite MP of the Chouf), Alaeddine Terro (member of the PSP, Sunni MP of the Chouf), and why the Christian MPs refused the four “double urgency” bills that would allow Palestinians in Lebanon to own property, get work permits in any profession and receive social-security payments. Let’s look into Walid Jumblatt’s words during that debate and see what they say about politics in Lebanon:

“The ‘right’ throughout the world is stupid, the Lebanese right is worried. We’ve been hearing the same arguments for 62 years. Do you want to postpone things, well postpone them. But if you want to postpone them this time, understand that your postponing a problem. The embargo on Gaza is allegedly carried out to “topple Hamas”. However it [Hamas] prevailed and gained strength, thank God it won. In Lebanon, the breakdown of the Palestinian Authority leads to the emergence of fundamentalist movements in the camps and to the displacement of Palestinians. When fundamentalist movements appear in the camps, what happens to you? Do you loose? You don’t loose a thing. We send the Lebanese army to die and then we make promises to rebuild the camps. Is that what you want? I’ve never seen stupider than the Lebanese right, I’ve never seen stupider than the Lebanese right”. Walid Joumblatt, spoken in Parliament on Tuesday 15th of June 2010, reported by Al-Akhbar in its wednesday edition (my translation).

Walid Jumblatt raises a whole lot of issues in this short and somewhat improvised speech. I say somewhat improvised because he could have easily expected the result of last Tuesday’s parliamentary discussions; The Free Patriotic Movement, the Lebanese Forces and the Kataeb were bound to oppose any bill extending the rights of  the Palestinian of Lebanon, especially if these bills followed the “double urgency” procedure. Such a procedure deprives Christian politicians of the time needed to convince their Christian constituency that extending Palestinian rights do not infringe on their own political rights.

Let’s look a bit closer at what Walid Jumblatt is saying:

  • He calls the Christian parties the “Lebanese right” and considers them the stupidest of all “rightist” parties worldwide. By doing so, he reclaims his father’s rhetorical arguments and terminology, with its binary division of politics between so-called “rightist” (actually christian) parties and so called “leftist” (actually muslim) parties. In a later interview with al-Akhbar, Walid Jumblatt said that he had expected this reaction from the ‘right’, “but not this degree of stupidity. This is a stupidity of historic dimension. Stupidity is not Christian, because there is a category of Christians who has struggled in favour of Arab issues even before the ‘National Movement'”. Framing the whole issue in these terms and asserting that he had expected the result seem to indicate that reclaiming his father’s heritage and boosting his “progressif” credentials could be one of the objectives behind the bills he presented.
  • He states that Palestinian civil rights have been postponed for 62 years and insinuates that the Christian/”rightist” parties are to be blamed for it. This is historically inaccurate. Most of the discriminations against the Palestinians date back to 1982, and were part of the Lebanese government and parliament’s backlash against the PLO (most of the provisions that restrict the labour market were repealed a couple of years ago). Others have to do with general rules that were prevalent across the world concerning foreign labour when they were instituted and were not modified to suit current standards.
  • He speaks of the Israeli policy towards Gaza, suggesting a comparison could be made between the Israeli handling of Palestinian affairs and the Lebanese “rightist” Christian policies towards Palestinian refugees. In a context like the Lebanese one, this is for the least “libellous”. The intention is to “smear” the “right”, instead of shedding a light on either dynamic (the Israeli and the Lebanese one).
  • He suggests that granting Palestinian increased social rights would support the Palestinian authority and curb the expansion of Islamist groups within the Palestinian camps. This suggestion is pleasing to liberal ears, but it is extremely simplistic and unfounded. It ignores the internal political dynamics between the Palestinian Authority and the palestinian diaspora (which has become increasingly strained and loose since the Oslo accords), within the Palestinian community in Lebanon (which has become less sensitive to Palestinian nationalist rhetoric), and between Palestinians and Lebanese parties and constituencies. All these dynamics point to a weakening of the PLO and the PA’s authority, and an increased influence of Islamist parties, regardless of Palestinian social conditions.
  • He says that christians parties do not pay the price of their mistakes, the Palestinians and the Lebanese army do. This is the only argument he uses that breaks away from his father’s rhetoric in which the Lebanese army and the “right” were considered as one. This rhetorical change reflects the important change the Lebanese army underwent in the 1990s (under the Syrian Mandate) and now “switches sides” in the political equation.

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Back to Back: the Helen Thomas affair

Posted by worriedlebanese on 11/06/2010

You’ve undoubtedly heard what happened to Helen Thomas! She resigned after making a comment on Jews having to go back to Poland and Germany. In case you haven’t heard the story, here’s the video that started an avalanche of reactions in cyberspace with some extolling her as a martyr of the jewish lobby, and others congratulating themselves for debunking an antisemite (or even a nazi) and applauding her disgrace.

All this started in Washington DC, so why is it relevant to us, Lebanese? Well, Helen Thomas’s family hails from Lebanon… But that never brought Helen Thomas any attention in Lebanon. So how can one explain all the attention she got in our media? Let’s see what three editorialists have to say about it:

Michael Young, “Arabs shouldn’t weep for Helen Thomas“, Daily Star (june 10th): ” It’s never pleasant to see someone self-destruct”. The argument that “she was pushed out of her job because of criticism from the ‘Jewish lobby’” is “nonsense. The condemnation was universal, and rightly so”. The editorial focuses on Helen Thomas’ words: “They should go home” to “Poland, Germany, America and everywhere else”. He looks into their significance in an American, Jewish and Arab context.
Michael Young makes it clear that he is no fan of Helen Thomas, and he obviously has scores to settle with her for her adamant opposition to the neo-con worldview he shares with the previous American administration. His arguments are familiar to all pro-peace activists. But he never states the obvious, how hypersensitive the US is to anything that touches Jews/Israel. Had Helen Thomas said something similar about the chinese of Malaysia for instance, we probably wouldn’t have heard anything about it.

Badr al-Ibrahim, “Helen Thomas, the voice that cries in the wilderness of America” (in Arabic), al-Akhbar (june 10th): “When it comes to Israel, freedom of expression becomes a sin for which one is reprimanded”. The editorial focuses on “censorship”: “Free media is a slave to a corrupt political ideology, and it suffers in this case from the same ails than the media in the « Unfree world »: double standard, partiality, deviation from objectivity, and a rejection of intellectual diversity, as well as actively helping the government suppress opinions, criminalise them and force “expiation” on those who express them”.
Badr al-Ibrahim is far from convincing. Comparing the freedom of expression that is enjoyed in the US to the one that is prevalent in the Middle East is simply preposterous. Every society has “its issues” and can be hypersensitive when they are discussed. But that has nothing to do with state censorship, and is not always related to the existence of a lobby.

For more details about what happened, check out Hicham Hamza, The Helen Thomas Affair (in French), Oumma (June 9th) for whom Helen Thomas “resigned herself to leaving office because of the uproar caused by her radical critique of the State of Israel. Back on the underside of a timely political-mediatic diversion”. In his view, the affair is “a degression designed to divert the attention of the American public from the real issues of the Israeli-Palestinian crisis”, and he presents all the info he gathered in this perspective.
Sure, some people have pushed that issue as a divergence mechanism. But this doesn’t explain everything. Helen Thomas did say what she said, and it wasn’t even accurate (most Israeli Jews do not come from Poland and Germany, a larger number comes from the Middle East and North Africa). And this would have hit the cyberspace sooner or later making the same splash.

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A Placebo storm in a teacup

Posted by worriedlebanese on 10/06/2010

What I find most deplorable in the “Placebo affair” is the fact that it spawned a useless amount of opinion papers.  The concert took place yesterday without any problem, showing that there is a difference between “calling for a boycott” and “censorship”. But this did not prevented the Lebanese “French-speaking daily” to continue to publish editorials on this “affaire” (read Fifi Abou Dib’s take on it published today: Epineuses et cactées).

There is something decidedly quixotic in this fight against “the furies trying to slowly kill the Lebanese cultural scene”, and this call for “cultural resistance” (two closing lines of MHG’s article yesterday). Don’t people find something remotely ridiculous in describing an the cultural consumption (of a foreign product) an act of CULTURAL RESISTANCE?!

If only the newspaper had the sens to interview Brian Molko or reproduce his interview. As Lotus Weinstock used to say, “I used to want to change the world . Now I just want to leave the room with a little dignity”. I wish L’Orient-Le Jour  took a couple of minutes to ponder on that thought.

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