Worried Lebanese

thought crumbs on lebanese and middle eastern politics

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Les collèges électoraux confessionnels… au-delà du تفو (tfou) et du نيعئ (nya32)

Posted by worriedlebanese on 21/02/2013

Et si pour un petit moment on oubliait toutes les considérations normatives. Si pour un bref instant on laissait de côté les “on doit” et les “ça devrait” pour réfléchir à partir de “ce qui est”, de la réalité politique du Liban actuel. C’est seulement à partir de ce moment que l’on pourra mesurer les effets que la réforme électorale pourrait avoir. Observons notre paysage politique dans toutes ses composantes: les partis politiques, les citoyens/électeurs, le discours politique, le fonctionnement des institutions politiques… Que trouvons nous alors?

  • Des partis à étiquette communautaire qui fonctionnent comme structure clientéliste. Vous avez dit Tashnag pour les Arméniens? Parti Socialiste Progressiste pour les Druzes? Amal et Hezbollah pour les Chiites? Mustaqbal pour les Sunnites? Courant Patriotique Libre, Forces Libanaises, Kataeb, Marada, Parti National Libéral, Bloc National pour divers chrétiens? Ces partis dominent notre chambre des députés et le paysage politique libanais.
  • Un discours politique hyper-confessionnel. La question de la représentation/représentativité confessionnelle est un thème récurrent. D’abord l’apanage des partis chrétiens (exclu du jeu politique par l’occupant Syriens et ses alliés ou réduit à la portion congrue par leurs alliés de l’Alliance quadripartite), elle est aujourd’hui partagée par les partis et mouvances sunnites (Moustaqbal, “indépendants” et mouvances islamistes). Du côté Druze et Chiite, l’exercice monopolistique du pouvoir par des formations clientélistes/confessionnelles rend inutile tout discours sur la représentation/représentativité. Mais la défense des “intérêts communautaires” reste un enjeu principal et un thème récurrent.
  • Des citoyens obsédés par des considérations propres à leur groupe confessionnel. Les discussions politiques s’articulent surtout autour de la peur de l’Autre, et des dynamiques ou chamailleries intra-communautaire… Les Chrétiens sont obsédés par la rivalité entre Geagea et Aoun et ils ne parlent que du danger Iranien ou Séoudien (mot de code pour Sunnite et Chiite). Les Druzes se mobilisent derrière un seul homme pour exorciser leur peur de minoritaires dans “leurs” régions. La guerre civile syrienne traverse les Chiites et les Sunnites… Partout on brandit des figures du passé et on réchauffe leurs discours (Kamal, Bachir, Rachid, Camille, Pierre, Suleiman, Mousa, Rafik et compagnie)…
  • Des institutions politiques traversées, articulées ou paralysées par des réseaux clientélistes à étiquette communautaire…

N’en déplaise aux anti-confessionalistes de base, nos institutions politiques ne sont pas responsables de cet état de fait. En réalité, tous les mécanismes légaux et politiques prévus par notre système politique ont été neutralisés par les structures clientélistes à base confessionnelle et le régime politique contra-legem qu’elles ont établi avec l’aide des armes (qui leur ont permis de territorialiser leur pouvoir d’abord en 1958 puis à partir de 1975) et le “mandat” syrien (qui a permis à certains d’entre eux de traduire institutionnellement leurs “acquis” militaires)… sans compter sur l’imagination de notre classe politique qui dans son ensemble continue à s’inspirer de la pratique baasiste du pouvoir en privilégiant les méthodes informelles aux méthodes formelles du pouvoir (basé sur des institutions spécialisées et hiérarchisées): Le Président de la Chambre choisit le recteur de l’Université Libanaise, un Premier Ministre développe un nouvel appareil sécuritaire (qui lui obéit qu’il soit au pouvoir ou pas), le Président de la République préside une “Table du dialogue national”…
Face à ce paysage politique désolant, quel effet pourrait avoir cet article 2 approuvé par les commissions parlementaires? Pour essayer de le mesurer, il est important de l’aborder dans son intégralité: établissant à la fois des collèges électoraux confessionnels et un mode de scrutin proportionnel.

Si l’article 2 devenait loi…
Pour tenter d’imaginer les effets que l’article 2 pourrait avoir sur l’opération électorale, nous ne nous intéresserons qu’à deux moments: Celui du vote et celui qui suit le décompte des voix. Nous les aborderons de manière différente. Pour le vote, nous nous intéresserons qu’à quatre électeurs, que nous essayerons d’inscrire sociologiquement, même si c’est d’une manière sommaire. Pour la période qui suit le décompte, nous nous intéresserons au paysage politique que nous imaginerons suite à l’annonce des résultats.
Prenons d’abord quatre électeurs: Joseph du Metn, Nadine de Baabda, Khaled de Tripoli et Ghinwa de Nabatieh. Les quatre résident à Beyrouth mais votent normalement dans d’autres circonscriptions (en raison de la gestion patriarcale des registres électoraux), comme c’est le cas pour près de la moitié des électeurs libanais.

  • Joseph s’était abstenu de voter au Metn en 2009. Issu d’une famille chrétienne mixte, la circonscription dans lequel il votait (mais ne résidait pas) lui convenait bien. Sa mixité tant au niveau du collège électoral que de la distribution communautaire des sièges (4 maronites, 2 grec-orthodoxes, 1 grec-catholiques, 1 armenien-orthodoxe) reflétait en quelque sorte la propre mixité de sa famille. L’article 2 le frustre, l’enferme dans une case confessionnelle et limite son choix aux membres d’une seule communauté. Mais à malheur quelque chose est bon: il peut biffer le nom de l’ensemble des chefs de guerre et de leur descendants qui appartiennent à cette communauté. Il peut voter pour de nouvelles têtes, de nouveaux noms et des gens qui proposent un vrai programme, qu’ils soient originaires de Jezzine, de Beyrouth, de Zahlé ou du Akkar. Le choix n’est pas particulièrement alléchant, mais bon…
  • Nadine avait voté à Baabda en 2009. Bien que de parents chiites, ni elle ne se définit ni elle ne se reconnaît dans sa communauté. Elle abhorre le système politique libanais et vouent une haine féroce pour le 14 Mars et à leur base politique. Elle méprise son cousin qui est dans Amal mais n’a pas peur du Hezbollah qu’elle qualifie de mouvement de résistance (même si elle n’adhère pas à son programme religieux). L’article 2 la choque profondément. Elle refuse de voir son choix limité à sa propre communauté. La circonscription dans laquelle elle votait dans le passé lui convenait mieux. Elle était mixte aussi bien au niveau des électeurs que des élus: 3 maronites, 2 chiites, 1 druze. Elle a décidé de boycotter ces élections.
  • Khaled vote à Tripoli. De classe moyenne, il en veut aux notables de Tripoli qui ont échoué à dynamiser l’économie de sa ville. Très concerné par la situation sécuritaire dans sa région, il ne comprend pas comment le Premier ministre pourtant originaire de cette ville n’a su rien faire, et ne propose rien de concret pour répondre à ce problème. Et c’est sans parler de la crise syrienne qui secoue sa ville à partir de Jabal Mohsen. Son choix est fait. Il vote la conscience tranquille contre les notables, contre les pro-syriens, contre les salafistes… en composant sa propre liste groupant autant de personnes de la Jamaa Islamya que du Moustaqbal.
  • Ghinwa est inscrite à Nabatieh, région qu’elle ne visite qu’à l’occasion des mariages, des décès et des fêtes. Son coeur bat à gauche et il suffit de mentionner Amal et Hezbollah pour la mettre dans tout ses états. Après avoir décidé de boycotter ses élections, elle avance vers le bureau  le coeur serré mais résolue à voter pour quatre candidats qui militent au sein de divers partis vert et de gauche.

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Finalement, moins d’un million et demi de Libanais ont voté. Le taux de participation est parmi les plus faibles de l’histoire libanaise. Les personnalités qui ont appelé au boycotte se félicitent du résultat, mais des experts estiment que la mobilisation des électeurs était moindre en raison du caractère strictement intra-confessionnel des élections. Les dépenses électorales n’ont jamais été aussi faibles alors même que les collèges électoraux avaient une dimension nationale. Les conséquences les plus notables sont:

  • L’entrée au parlement de nouveaux partis. Pour la première fois de son histoire, le Liban voit se regrouper à l’intérieur du parlement des élus salafistes. Plusieurs autres partis islamistes prennent également place à la Chambre: les Ahbash et la Jamaa islamiya. Ils ne sont pas très nombreux mais leur voix se fait entendre à l’intérieur des instituions de l’État. Le Bloc National refait son entrée au parlement. Et pour la surprise générale, les Gardiens du Cèdre obtiennent deux sièges.
  • L’affaissement des “grands partis”: Le courant du Future et le PSP perdent un certaine nombre de sièges, de même que les Forces Libanaises et le Courant Patriotique Libre.
  • L’éclatement des blocs parlementaires. Les alliances entre forces appartenant aux mêmes blocs parlementaires se sont déliées durant les élections, surtout dans les blocs mixtes sur le plan communautaire mais dominés par une force politique communautaire. Ainsi Moustaqbal n’arrive qu’avec beaucoup de mal à former une coalition autour de lui, de même que le Parti Socialiste Progressiste. Leurs blocs rétrécissent et se fragilisent. Le Courant Patriotique Libre perd également des alliés, même s’il a tenté de concourir dans plusieurs collèges électoraux.
  • L’explosion du nombre d’indépendants au sein du parlement est impressionnant, surtout du côté chrétien et chiite. Ils mettent du temps pour se regrouper. La plus grande surprise est la multiplication des petites formations anti-confessionnelles en dépit de l’adoption de collèges confessionnels.
  • Les élus non-maronites s’affirment de manière plus forte au sein des formations chrétiennes. Et parmi les indépendants, ce sont ceux-là qui investissent le plus d’énergie à rapprocher les uns des autres pour former des petits blocs parlementaires, embryons de nouveaux partis politiques.
  • Des partis longtemps alliés se distancient un peu les uns des autres. La Mahdalé Hezbollah-Amal n’a pas aussi bien fonctionné que d’habitude. Des rivalités se sont faites sentir entre les deux formations. De même le Courant du Future n’arrive plus à contrôler la Jamaa Islamiya dont l’alliance le fragilise (approfondissant les divisions entre son aile conservatrice et son aile libérale). L’alliance Kataeb et Forces Libanaises est une chose du passée.

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Les collèges électoraux confessionnels entre le تفو (tfou) et le نيعئ (nya32)

Posted by worriedlebanese on 20/02/2013

Hier, les commissions parlementaires conjointes, réunies sous la présidence de Nabih Berri, ont approuvé l’article 2 de la proposition de loi électorale suggérée par le “Rassemblement Grec-orthodoxe ». Cet article introduit deux nouveautés dans le droit électoral libanais: Il change le mode de scrutin et redéfinit les collèges électoraux. Effectivement:
– un mode de scrutin proportionnel remplace le mode de scrutin majoritaire que le Liban a connu jusqu’à maintenant.
– des collèges électoraux confessionnels remplacent les collèges électoraux pseudo-territoriaux (en réalité patrilinéaire et patriarcaux: le citoyen n’étant pas intégré au collège électoral de son lieu de résidence mais à celui de ses aïeux ou de son mari) auxquels nous nous sommes habitués.
Notons que l’accueil de ses deux changements a été diamétralement opposé. Le premier est applaudi, surtout au sein du monde associatif et journalistique, où un consensus très large s’est constitué autour de ce mode de scrutin bénéficiant d’un préjugé favorable et promu comme “plus démocratique”. Le second quant à lui a suscité une vague d’indignation, surtout au niveau de la presse et de la blogosphère. 
Ce changement dans la définition des collèges électoraux est indéniablement difficile à digérer. Non seulement il contredit notre tradition électorale et constitutionnelle, mais il s’oppose de manière brutale à notre idéologie d’État qui est anti-confessionnelle. Il est donc à ce titre triplement dérangeant, mais aussi triplement révolutionnaire.

Une redéfinition allergène et indigeste801657_52511123783
Les objections à l’établissement de collèges électoraux confessionnels sont nombreuses. Certaines se basent sur des principes que cette redéfinition des collèges électoraux violerait d’autres s’appuient sur les effets attendus de cette réforme électorale. Les examiner de manière individuelle prendrait trop de temps, surtout qu’il faudrait expliciter les nombreuses suppositions sur lesquelles elles se fondent et rappeler les ambiguïtés de notre système juridique et politique.
Certaines objections sont si farfelues et l’analyse déformée (par des considérations tenant plus à la cohérence idéologique de l’auteur que de ce qu’il observe), que j’étais d’abord tenté de “défendre” ou de “justifier” les collèges électoraux sur base confessionnelle. Mais à vrai dire, j’avais été moi-même choqué par cette proposition lorsqu’elle a été présenté par le “Rassemblement Grec-orthodoxe ». Donc au lieu de répondre aux arguments que d’autres personnes ont formulé, j’ai décidé d’analyser les raisons pour lesquels cette proposition m’avait choqué.
1. L’objection normative: le collège électoral confessionnel comme enfermement: l’établissement de collèges électoraux sur une base confessionnelle restreint le choix de l’électeur aux membres de sa propre communauté-confessionnelle. En d’autres mots, elle le renvoi non seulement à son appartenance confessionnelle, mais elle limite son choix électoral aux membres de sa confession. Notons que notre système électoral renvoi déjà l’électeur à sa confession à travers la manière dont le Ministère de l’Intérieur organise les registres d’électeurs auprès des bureaux de votes. Effectivement, cette organisation des registres se fait généralement sur une base confessionnelle: les électeurs relevant de communautés différentes tendent à voter “à part” même s’ils appartiennent au même collège électoral. (Notons que ce choix particulier d’organisation des registres n’a aucun intérêt sur le plan juridique, mais il se révèle pratique sur le plan politique dans les conflits autour de la représentativité confessionnelle de certains hommes politiques).
Ce n’est donc pas tant le renvoi à l’appartenance communautaire qui dérange dans cette loi, mais le fait qu’elle limite le choix des électeurs aux membres de leurs communautés. Ceci est ressenti comme un « enfermement supplémentaire » du citoyen dans sa communauté-confessionnelle, cette fois-ci sur le plan électoral. Mais est-ce que le fait de voter pour des candidats appartenant à d’autres communautés le “libère” pour autant? Et à quel prix se fait cette impression de “libération” sur le plan de la représentation de certaines communautés et de la représentativité de certains députés? C’est en somme les deux questions auxquelles le “père” de cette loi, Wael Kheir, nous renvoi.
2. L’objection socio-culturelle: inadéquation de ce type de collège électoral à l’inscription socio-culturelle de certains votants:  Cette proposition se révèle particulièrement problématique que pour deux types d’individus: ceux qui ne s’inscrivent pas dans leur groupe d’appartenance communautaire (c’est le cas des personnes qui n’ont pas été socialisées dans un groupe communautaire spécifique ou ceux qui le rejettent), et ceux dont le groupe d’appartenance ne correspond pas à celui de leur confession (celui qui ont été socialisées dans un groupe communautaire mixte). C’est en examinant le deuxième type d’individus que l’on réalise le caractère paradoxal de cette proposition de loi. Alors même qu’elle a été élaborée et promue à l’intention des communautés chrétiennes, elle contredit de manière flagrante leur réalité socio-culturelle. Effectivement, le degré d’intégration (ou d’interpénétration) de la majorité des confessions chrétiennes tant sur le plan social, spatial, économique, culturel et politique est tel que leur division en collèges électoraux distincts est difficile à justifier. Mais est-ce qu’elle met en danger ce rapprochement, cette interprétation? Est-ce qu’elle brisera les familles mixtes ou décourageras les mariages mixtes? Est-ce qu’elle aboutira à l’éclatement des partis politiques dont les cadres et la base recouvrent sur plusieurs confessions chrétiennes (CPL, FL, Kataeb,PNL, BN) ou plusieurs communautés religieuses (ex: PSNS)? Ce sont des questions qui sont intéressantes à poser du fait qu’elles peuvent être vérifiées. Une chose est certaine, le système confessionnel n’a pas freiné ce rapprochement et cette interpénétration qui semble augmenter d’une génération à une autre.
3. L’objection conservatrice: le bouleversement de la tradition électorale libanaise: La loi électorale libanaise traduit une certaine conception du “partage du pouvoir” (power sharing) fondée sur le principe de la diversité communautaire dans la représentation politique, la mixité communautaire dans l’élection des représentants et la collaboration trans-communautaire pour l’accès au pouvoir. Effectivement, Toutes les circonscriptions actuelles sont plurinominales, et la majorité est mixte aussi bien au niveau du collège électoral que des sièges parlementaires à pourvoir. Ceci oblige des politiciens appartenant à certaines communautés à s’allier à des politiciens appartenant à d’autres communautés, à courtiser des électeurs appartenant à plusieurs communautés et à envisager comme rivaux principaux des candidats appartenant à leur propres communautés (car c’est contre eux seuls qu’ils concourent). Les effets escomptés de ce système électoral sont multiples: au niveau de la classe politique, il est censé produire une élite trans-communautaire rompue aux alliances trans-communautaires (puisqu’elle doit son accès au pouvoir à une délibération trans-communautaire). Au niveau du discours, il est censé encourager la modération communautaire (puisque l’extrémisme coutera des voix aux politiciens). Au niveau de l’exercice du pouvoir, il est censé conduire à la neutralité communautaire des politiques publiques… Or, les effets escomptés de notre système politique ne se produisent plus ou ont été dévoyés. Comment alors justifier notre attachement à ces mécanismes? Peut-on continuer à refuser d’examiner les raisons de cette neutralisation des effets et ne pas explorer d’autres pistes?

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Three impulsive reactions to arguments “supporting” civil marriage legislation in Lebanon

Posted by worriedlebanese on 02/02/2013

pepe2For the past two weeks a rather large group of activists has been trying to take advantage of the new battle within the sunni community for the religious and political leadership of the community. This community is undoubtedly the most affected of all Lebanese communities by the recent changes and dynamics in the region: War in Syria, Brotherhood gains in North Africa, Surge of salafism as a local political force and a cross-national military force… All this adds and complicates the national dynamics: between localists, patriotic and transnational views, and differing ideologies (traditionalist, conservative, radical islamic, secularist, and liberal). Without these elements in mind, one cannot really understand the statement made by Sheikh Mohammad Rashid Qabbani, the Mufti of the Republic (interesting title, don’t you think?), against the civil marriage proposal. Neither can one situate Saad Hariri’s “electoral promise” to support a civil marriage legislation (not actually put in so many words).
Choosing to blissfully ignore these dynamics, and trying to use the present conflict to further their “anti-confessional” program, the one infused by our educational system and nurtured by the dominant political and academic discourse, a great number of active members of our civil society have been digging out all kinds of arguments to support their aims. Here are a couple of arguments that I’ve come across on Facebook, and my epidermic reaction to them.

The classical argument!
“From the cradle to the grave”, the Lebanese citizens are locked in their communities. Gaby Nasr reformulates this argument when he says “From his birth record to his death certificate”.
Reaction 1: A sentence that fits pre-revolutionary France where vital records (état civil) were managed by the catholic church… In Lebanon, vital records are managed by the Ministry of Interior, and except for the conversion procedure, the religious authorities have no say in what is written in them (even if these records contradict their laws).

The economical argument!
“Had they all married in Lebanon, how much money would they have saved? How much money the Lebanese treasury would’ve made?”
Reaction 2: We could also vote a law banning honeymoons abroad. This would also save newlyweds a lot of money and provide the Lebanese treasury with more funds.

The “liberal” argument!
“And for those who are against civil mariage, let them limit their choices to themselves and their families [and not impose them on others]. ومن كان ضد الزواج المدني، فليحصر خياره بنفسه وبعائلته
Reaction 3: This argument presupposes that a new civil marriage legislation would not affect Lebanese citizens who chose or choose another marriage legislation (be it religious or civil). And this argument in itself is grounded in the assumption that there is no lebanese legislation on civil marriage. But in fact we do have a civil marriage legislation, one that introduces the first (and actually only) opt out mechanism in our personal law regime.
– It recognises all civil marriages contracted abroad by all Lebanese nationals.
– It provides that foreign civil marriage legislation will be applied to these marriages provided that at least one of the spouses does not belong to a muslim community. This is not a discriminatory  provision but a kind of “protective clause” that was added in response to a vast political mobilisation within the muslim community against civil marriage. This provision/exclusion was NEVER challenged in parliament or even within civil society, not even by the “progressive” groups.
To cut a long story short, a new civil legislation will have two major affects on marriages between lebanese
1. Not only will it affect (on the medium or the long term) religious marriages (because it will be setting a standard against which a judge could eventually  “measure” religious marriages… this is a worldwide tendency  of which I know no exception).
2. But it will also modify the legal situation of Lebanese married under civil law abroad. The foreign civil marriage legislation will no longer be applicable in Lebanon, so all Lebanese married abroad will be subjected to the Lebanese legislation that will undoubtedly be more conservative than many foreign legislations. This is quite obvious from the past proposals, from the Lebanese parliament’s records on personal issues and even from the worldview of many of the the proponents of a new civil law legislation on marriage.
This new legislation will be annulling the only true “opt out” mechanism concerning religious law in our legal system (the one introduced by Ziyad Baroud allowing the removal of the communal affiliation from state registries actually only masquerades as one. It actually hands religious authorities a new “tutelage” mechanism and deprives the citizen of some rights that are provided by our system).
It will be substituting a liberal mechanism with a republican mechanism in a period where anti-liberals are flowering on the muslim political sphere and the christian religious sphere.

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Le “mariage civil”: un pari risqué et fortement idéologisé

Posted by worriedlebanese on 01/02/2013

a17bLes mujahidin du mariage civil au Liban s’enflamment sur cette question, réchauffent des arguments qui datent des années 1930 et la traitent en méprisant les enseignements d’expériences similaires conduites dans des pays qui nous ressemblent. Je pense à la Bosnie, à l’Égypte, à la Syrie et à l’Iraq. Pire, ils n’essayent même pas de profiter de nos propres expériences en la matière. Ils restent abstraits et nous balancent leur crédo. Sous l’étiquette “progressiste”, les partisans du “mariage civil au Liban” se rapprochent plutôt des détracteurs du “Mariage pour tous” en France surtout sur le plan de la méthode.
Je ne traiterai que brièvement deux des présupposés brandis par nos mujahidin.

#1. Le MARIAGE CIVIL est un pas vers la DÉCONFESSIONALISATION et la PAIX CIVILE.
– La Bosnie a expérimenté pendant un demi siècle avec un mariage civil exclusif… mais aussi avec l’économie d’État, le parti unique et plein de techniques de brassage et d’uniformisation musclés… Dans les années 1990, plus d’un tiers des bosniens était issu d’un mariage mixte. Est-ce que cela a empêché l’éclatement de la plus sanguinaire des guerres yougoslaves et l’exécution de stratégies de nettoyage ethnique?
– L’Égypte, la Syrie et l’Iraq ont dans les années 1960 et 1970 expérimenté chacune à sa manière avec la laïcisation… Suppression des tribunaux religieux ici, promulgation d’un code civil là… Sont-ils pour autant plus “libre” ou “déconfessionnalisé” que nous? Leur histoire récente tend à montrer le contraire.

#2. Le MARIAGE CIVIL est une OPTION LIBÉRALE qui assure les DROITS des CITOYENS.
– Qui d’entre vous a lu le projet de mariage civil d’Elias Hraoui? Savez-vous que ce projet extrêmement conservateur aurait compliqué la vie de ceux qui se sont mariés (ou se marieront) à l’étranger? J’appartiens à une famille où deux générations se sont mariées civilement. En cas de promulgation du mariage civil au Liban, un des mariages sera plus compliqué à défaire et l’autre sera dissous. Est-ce que ça augmente nos libertés ou est-ce que ça les réduit?
– En 1959, le Liban a expérimenté avec la première “laïcisation” en matière de statut personnel: celle du droit successoral. Face à la protestation des autorités religieuses et la pression de l’ordre des avocats (en ce temps majoritairement chrétien), la loi fut adoptée… mais réservée aux seuls “non-mahométans”. Depuis cette date, la législation catholique en matière successorale a évolué (ceci concerne 6 des 13 communautés soumises à la législation civile)… mais pas le droit civil libanais, rendant la législation catholique plus libérale que la législation laïque en matière de succession des enfants… plus libérale mais non valide au Liban… laïcisation du droit successoral oblige…

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Les effets de la transition syrienne: rébellion, réforme ou révolution?

Posted by worriedlebanese on 17/07/2011

Carte de la Contestation

Le niveau de la contestation politique en Syrie est tel que l’on peut indéniablement parler de rébellion. La grande question que tout le monde se pose est de savoir si cette rébellion va être écrasée ou si elle va réussir à renverser le régime en place. Il est indéniable que la Syrie s’est engagée dans une “transition” depuis plus de dix ans, suite au décède de Hafez al-Assad et à l’avènement de son fils, Bachar. Effectivement, on peut remarquer d’importants changements sur plusieurs plans: économique, politique, culturel et communautaire.

Une économie mixte ou à deux vitesses 
Depuis l’arrivée au pouvoir de Bashar Assad, l’économie syrienne s’est considérablement transformée. Elle est devenu en quelque sorte mixte : elle a conservé sa dimension socialiste et elle a intégré une dimension capitaliste. D’un côté, l’économie traditionnelle et “socialiste” s’est écroulée, et de l’autre de nouveaux secteurs se sont développés. Mais au lieu d’intégrer ces deux dimensions, elle les a complètement dissocié. Ceci a donné naissance à une économie à deux vitesses qui est en contradiction avec l’idéologie officielle et qui ne répond pas aux attentes de la majorité des Syriens. Le résultat est l’augmentation du chômage, la destruction ou l’appauvrissement de certains secteurs de l’économie (artisanat, agriculture traditionnelle), la production de nouvelles richesses et de nouvelles habitudes de consommation (nouveaux complexes industriels, expansion du secteur éducatif privé, intégration dans l’économie mondialisée avec entrée d’enseignes internationales…).

Une dissonance politique entre discours et pratique
Le régime tout en prônant l’ouverture s’est en fait considérablement refermé depuis son retrait du Liban. Une partie de la « vieille garde » a été écartée du pouvoir. Et plus de quarante ans de gestion politique informelle (qui ne respecte pas les institutions et les divisions fonctionnelles du pouvoir, mais qui fonctionne à travers de multiples réseaux transversaux) a évidemment vidé les institutions de toute substance et font apparaître ces institutions pour ce qu’elles sont, des coquilles vides, ou plutôt des cadres dépourvus de toute autonomie qui sont investis par des forces qui les traversent et qui les dépassent.
Tant que ce système satisfaisait la population sur le plan économique en assurant une répartition des richesses perçue comme équitable, les citoyens syriens étaient prêts à répéter le discours officiel et à y adhérer en dépit de son caractère formel (dogmatique et détaché de la réalité). Mais depuis que les différences de classe sont de plus en plus visibles, le discours économique sonne de plus en plus creux et la légitimité du régime se trouve ébranlée.
En fait, l’étendue de la gestion informelle par le régime est telle que l’on ne peut même plus le qualifier de « baasiste » puisqu’il a également vidé le parti baas de toute substance.  

L’accès à la production culturelle occidentale 
En dépit des bouleversements économiques des dernières années, la transition culturelle de la Syrie n’a pas encore atteint le même degré que l’Egypte et la Tunisie par exemple, en raison de l’isolement relatif de la Syrie sur ce plan et son entrée tardive dans le processus. Effectivement  les élites culturelles syriennes sont relativement peu mondialisées ou intégrées à des structures transnationales (à la différence de leur pendant Egyptien et Tunisien). Au niveau des classes moyennes, l’accès à la production culturelle occidentale (à travers l’internet et les satellites) progresse mais n’a pas encore atteint un degré suffisant pour influer sur la dynamique politique.
Toutefois, les mouvements de rue massifs et pacifiques de 2005 au Liban, et de 2011 en Egypte et en Tunisie ont certainement enrichi la culture politique syrienne en y intégrant une nouvelle forme de pratique politique.

La confessionalisation des discours
La Syrie n’a jamais expérimenté pleinement avec un système formel de répartition communautaire du pouvoir, à la différence du Liban. Je dis pleinement parce qu’en fait, on peut déceler en ces matières quelques expérimentations formelles et une pratique informelle.
Sur le plan formel, le régime syrien privilégie principalement les Arabes et quelque peu les Musulmans au sein de sa population puisqu’il se veut strictement Arabe et considère la Shari’a comme étant une source de la législation tout en réservant la présidence de la république à un musulman. La proclamation de l’arabité de la Syrie a effectivement eu des incidences pratiques sur les minorités : elle s’est accompagnée d’une politique d’arabisation à l’encontre de ses minorités non-arabes : kurdes, turques, arméniennes, assyriennes et gitanes. Et s’est mise en pratique à travers des instruments d’ingénieurie ethnique (« ethnic engineering ») à l’encontre de la communauté kurde : exclusion de la nationalité, négation de la langue et colonisation arabe dans ses régions.
Sur le plan informel, on trouve une pratique qui prend en compte des considérations communautaires. Ceci s’effectue à travers la constitution de relations de confiance à dominante confessionnelle qui manipulent des réseaux d’influences et d’intérêts. Il existe par ailleurs une autre pratique informelle de gestion du pluralisme communautaire. Celle si s’opère à travers la négociation et la manipulation des élites communautaires. Sur le plan religieux, le régime Syrien intervient dans la nomination de toutes les élites religieuses syriennes à un degré qui n’a pas de précédent dans l’histoire du pays. Et dans une société qui est fragmenté sur le plan confessionnel, le pouvoir intervient également dans les relations « intra-communautaires » pour s’assurer de la fidélité des élites communautaires.
Au niveau du discours et de la mobilisation, un changement important a eu lieu suite à la gestion par le régime de la révolte populaire. Les considérations confessionnelles étaient taboues en Syrie jusqu’à peu de mois. On ne parlait des enjeux confessionnels qu’en petit comité, de manière discrète. Depuis quelques années, les marqueurs identitaires ont commencé à devenir de plus en plus publique. Que ce soit le voile intégral (niqab) dans les quartiers sunnites ou les croix affichés par les chrétiens. Lors d’un voyage en Syrie après la guerre de juillet, j’avais même remarqué que les portraits de Hassan Nasrallah étaient devenus confessionnelles. Lorsqu’on les voyait affiché à côté de la photo du président Syrien, il y avait de forte chance que ce quartier soit Aléouite. Mais même à cette époque, la question confessionnelle restait religieuses, et les Syriens s’amusaient à se moquer du Liban et de son confesssionalisme. Aujourd’hui, le tabou est tombé, surtout après la violence extrême qui s’est déployée à Daraa. Les Syriens sont de plus en plus nombreux à parler de leur appartenance confessionnelle, et surtout à exprimer leur hostilité par rapport à un autre groupe. Et ceci est particulièrement vrai dans les milieux de l’opposition au régime.

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Is Lebanon a failed state?

Posted by worriedlebanese on 15/07/2011

“By most common metrics Lebanon is essentially a failed state”. With these words Ghassan Karam began a post on Hezbollah on one of his blogs: Rational Republic. And as you might expect, that sentence started my blood boiling. Failed state?! by what common metrics?! I asked him the question and started looking into the indicators commonly used to assess if a State is failed or not…

Lebanon's evolution on the Failed State Index

The expression went mainstream thanks to the US’s foreign policy, notably its military interventions in Somalia (Restore Hope in 1992) and in Afghanistan (Enduring Freedom in 2001). Noam Chomsky in his book Failed States: The Abuse of Power and the Assault on Democracy (Metropolitan books, 2006) being the semanticist that he is, showed the uses and abuses of this qualification by the American administration. So we know that the expression was quite useful to the US. But does that condemn the expression to an instrumental use in politics? Can it help us otherwise better understand the countries that are designated as “failed states” ? Let’s look into some indicators before trying to see how pertinent and significant it is to call Lebanon a failed state. I came across these indicators developed by the Fund For Peace for its annual index of Failed States: Demographic Pressures, Refugees & IDPs, Group Grievances, Human Flight & Brain Drain, Uneven Economic Development, Poverty & Economic Decline, Legitimacy of the State, Public Services, Human Rights & Rule of Law, Security Apparatus, Factionalized Elites, and External Intervention.

Looking into their index, we notice that they ranked Lebanon #43 in 2011, after ranking us #34 in 2010, #29 in 2009, #18 in 2008. So basically, we’re climbing higher and higher in the ranking… so things are looking good for us, if we trust these results. But do we? Does anyone feel a sense of positive progress in Lebanon? I know I don’t. So either my impressions are wrong or the Fund For Peace rating lacks accuracy or pertinence.
I’m not going to look into the relevance of each indicator, nor the way that each one has been measured. I’m just going to point out to two basic problems in this type of approach:

  • Its normative aspect. Lying behind the stated indicators are the assumptions on how a state should be.  And quite obviously, this model doesn’t take into account multi-ethnic societies where national identity cannot erase communal identities, and civic ties do not eliminate communal ties. But these are not necessarily mutually exclusive categories, regardless of what our “analysts” or should I say doctrinaires keep on rehashing.
  • Its dependence on exterior, or visible markers while some dynamics are less overt but sometimes more significant. How much informal politics can it monitor or grasp? How deep is its access to information?

A blog entry is no place to look into the accuracy of such processed data or the pertinence of the indicators. But let’s me say a word about the usage of this designation.

“Failed State” as Name-calling: anti-confessionalism’s new cloak
Those who claim that Lebanon is a failed state are usually the same people who argue that there is no citizenship (or citizen rights) in Lebanon… This approach is actually quite prevalent in Lebanon. A friend of mine sums it up under the heading “وين الدولة” (“where is the state”) which is often heard on television and on the streets when citizens voice their grievance. This claim about the state’s absence is equally widespread in academic and NGO circles. And so we hear “نحو المواطنية”، “بناء دولة القانون والمؤسسات”، “القيام بالدولة “، “من اجل المواطنية”… as if neither state nor citizenship existed. This approach is undeniably normative. It goes beyond expressing one’s dissatisfaction with the state’s performance. Actually, it circumvents this question by denying the very existence of the state or citizenship. The reason why the state’s existence (or citizenship) is denied is not grounded on facts. Any liberal would rightly argue that there is actually too much state in Lebanon. It’s an abstract, normative judgement based on a specific idea of what a State (or citizenship) should look like. It all boils down to the fact that many people are displeased by some feature of the Lebanese state that they attribute to what people call “confessionalism”, or more derogatorily  “sectarianism” or more neutrally “communalism”. So all this name-calling is actually grounded on a dislike of communalism in all its manifestation, social, legal, political. Paradoxically, the same people who combat communalism pride themselves in Lebanese diversity. So basically, they want to celebrate plural society but fight any of its manifestations.

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The secular march… what next?

Posted by worriedlebanese on 14/07/2010

What is future of the Lebanese Laïque Pride? Salman al-Andari offers us an informed glimpse at what lies ahead for this dynamic group of Lebanese in an article published by the  Nahar al-Shabab: “The secular march… what next?“. He asks three people involved in this march what future steps should be undertaken to achieve their goal. A quick look at their answers shows that they are facing huge problems that were perceptible from the onset: There’s a whole lot of ideology (and ideological confusions), the goal is general and vague, and the action plan unfocused.

Instead of analysing their arguments, I believe it would be more interesting to try to suggests some concrete and profitable future steps. But I honestly can’t do it because the goal is too vague and the ideological matter too thick. This is not really the “Laïque Pride” groups fault. The issue they are tackling, secularisation/secularism/laïcité, is an extremely ideological one. This is particularly true in Lebanon (with our consociative system and its anti-confessionalist rhetoric and program) and France (with its particular blend of republicanism and its religious history and anti-religious rhetoric). So basically, here are the problems they are facing:

– “Laïque pride” is running under a highly ideological banner, that of Laïcité. This word is extremely tricky because its definition speaks of absolutes while its history is that of compromises. Moreover, laïcité presents itself as an abstract and universal principle, while it is grounded in a very particular history (that of France) and owes a lot to it.

– “Laïque pride” embraces a very common reading of Lebanese politics that is extremely ideological and misleading: it adopts the constitutional program for the abolition of confessionalism, it confuses State-Religion relations with Society-Religion relations, it opposes communalism and secularism… Its Arabic name is even more emblematic, “the seculars’ march towards citizenship”, which fits perfectly with other slogans used by the political class such as “abolishing confessionalism to give birth to the nation” (what I call national negationism, a virulent type of national self-loathing), or “building the state” (delusion at its best, we’ve got a huge and expensive state). Is there a more effective way to disfranchise citizens than by refusing to acknowledge the rights that they already have?

Is there a way out of this? Obviously, but it won’t be simple. There’s a whole lot of intellectual work that should be done. And this type of work takes time and needs a lot of ressources. And like all intellectual activities, its only reward is intellectual. I’m not sure that Laïque Pride is really interested in “intellectual rewards”. They want change and they want it now. And this attitude is the reason for their success. Anti-confessionalists in Lebanon are comfortable in their certitudes and they are frustrated by what they perceive is a lack of change on this issue (this perception is erroneous… the Lebanese political system is all but static, and it has been undergoing constant changes since the 1920s… all of them allegedly reinforcing the so-called “confessionalism”, but actually diverting it and changing its meaning).

What are the risks of avoiding this “intellectual work” and remaining in these murky ideological waters? I believe this would condemn the goal to remain general and vague, and the action plan to remain unfocused. How much would this hinder “Laïque Pride”… I’m not so sure. The group didn’t propose any new content, what it did is offer a new packaging and a new methodology. It repackaged the dominant anti-confessional rhetoric, put it under a new label “laïque pride” (likely to attract a westernised middle class crowd), functioned as a network and used Facebook as a mobilising tool. The group proved that it was rather good in what it did. To sum things up, there’s a conventional side to “Laïque Pride” (its substance) and an innovative side to it (its form). It’s not clear how long the innovative dimension will remain. When asked about the future step “Laïque Pride” should undertake, the three activists interviewed by Salman al-Andari gave extremely conventional answers. They proposed what other organisations have been doing for years.

So at the end of the day, Laïque Pride can be summed up as a particular moment in “anti-confessional” activism in which a new generation takes possession of a heritage and gives it a facelift. Its success and its failing will be those of the “anti-confessionnal” movement, that has always been politically hijacked by communal leaders and patrons (Kamal Joumblatt yesterday, Nabih Berri today), and its only horizon seems to be the civil marriage proposition which will condemn all Lebanese who seek to avoid religious law to a conservative, patriarchal and bigoted alternative (check out the Hraoui proposition if you’re not convinced) deemed good because “secular”, instead of allowing them to choose more liberal laws abroad.

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Amalgames: variations sur le discours anti-confessionnel

Posted by worriedlebanese on 12/02/2010

Voici quelques arguments que j’ai exposé sur un autre blog: chroniques Beyrouthines qui traitait de la question de la Laïcité au Liban:

Premier commentaire: un appel pour plus de nuance!

Comment voir clair dans un débat d’idée lorsqu’on met sous un simple mot (laïcité) une bonne dizaine de questions: la représentation des communautés, la pluralité du statut personnel, la séparation entre l’Etat et les institutions religieuses, la neutralité religieuse de l’espace public, la sécularisation de la culture, l’égalité devant la loi, les libertés religieuses et la liberté de conscience, le traitement égal des institutions religieuses…

Que des Libanais ne connaissent pas très bien l’histoire de France ou les paradoxes de la laïcité française, passe encore, mais un petit effort du côté français tout de même.

En France l’écrasante majorité des fêtes officielles sont religieuses (catholique évidemment), le jour de repos officiel correspond au jour de repos catholique, le ministre de l’intérieur est également ministre des cultes (et approuve la nomination des évêques… catholiques). Toutes ces belles cathédrales sont propriété de l’Etat, leur restauration et leur maintient sont donc financés par le budget public… et pourtant elles sont affectées pour l’écrasante majorité au culte catholique! La France a une longe tradition de soutien de missionnaires à l’étranger… soutien qui perdure: Regardez du côté de l’ambassade de france, et vous verrez un soutien de la mission laïque… mais aussi du collège protestant, de l’Université Saint Joseph (et jusqu’à sa fermeture de l’Ecole de l’Alliance Universelle Israélite)… Et ceci est également vrai pour la France d’Outre mer et une partie de la France métropolitaine. La France laïque subventionne des facultés de théologie!!!
Et qui est en France le premiere bénéficiaire en matière éducative de subventions publiques: les écoles catholiques…
Faut-il aussi rappeler que la France connaissait sur son territoire national jusqu’à l’indépendance algérienne et le pluralisme personnel et le système de représentation communautaire…

Du côté libanais, nous avons une stricte séparation sur le plan éducatif. L’Etat est le premier éducateur (au niveau scolaire et universitaire) et ne subventionne aucune institution éducative religieuse (sauf si elle est gratuite… et dans ce cas il le fait au même titre que pour les écoles gratuites non religieuses). L’Etat libanais n’intervient pas dans l’éducation religieuse. La tentative de Rafic Hariri de le faire à jusqu’ici échoué (alors qu’en Syrie, par exemple, l’Etat subventionne les facultés de droit religieux… et le droit islamique et une des sources de la législation…).
Le Liban est le seul Etat au Proche-Orient (hormis la Turquie, mais la laïcité de cette dernière n’exclut pas la reconnaissance de l’Islam sunnite comme religion nationale) dont le droit ne se réfère à aucune tradition religieuse (même Israël s’y réfère).
Au Liban, la question de la foi est indépendante de la question de l’appartenance communautaire (elles font l’objet de deux articles distincts de la constitution, n’en déplaise à Ziyad Baroud). Aucune autorité n’a le droit d’examiner la foi d’un citoyen libanais, c’est pour cela qu’une autorité religieuse ne peut radier l’appartenance communautaire de ses ouailles mécréantes (alors que ceci est possible en Egypte), et que les tribunaux étatiques peuvent examiner toute fraude à la loi excepté la fraude à la loi religieuse puisque ceci reviendrait à examiner la foi du citoyen (donc bonjour la fraude… le citoyen n’est pas prisonnier de la loi religieuse mais peut la manipuler à volonté…). Et enfin, le pon pon: l’Etat Libanais reconnaît depuis les années 1930 l’existence d’une communauté de droit commun que les autorités française ont rapidement vidée de sa substance et qui attend toujours d’être organisée. Il suffit qu’une simple loi soit votée… à l’instar de ce qui a été fait durant les années 1990s avec les Aléouites (et les Coptes)… pas très dur la procédure… mais bon, il faut quand même que quelqu’un réclame son établissement.

Deuxième commentaire: Aller au-delà des slogans et des amalgames

L’Etat libanais existe bien, il est même énorme! c’est le premier employeur, le premier banquier (le système bancaire privé a été intégré au public à travers le système de la dette), le premier éducateur (premier réseau d’écoles, plus grande université…), le régulateur de toutes les activités économiques rentables. Donc oublions les slogans de nos politiciens. L’Etat libanais existe, et n’a pas besoin d’être bâti, en fait, il aurait besoin d’un peu de dégraissage… Notre problème n’est pas dans son existence mais dans son fonctionnement et les problèmes de fonctionnement ne sont pas dus aux déficiences de la loi mais à sa violation continue (par ces même politiciens qui clament haut et fort qu’il n’y a pas d’Etat).

– Les quotas communautaires n’expliquent pas l’incompétence des fonctionnaires et politiques
La question de la compétence et d’appartenance communautaire ne sont plus contradictoires. Je suis sûr qu’on peut trouver des gens compétents pour toutes les fonctions de l’Etat dans toutes les communautés. En revanche, il y a un souvent un conflit entre la compétence et la fidélité à un politicien… Du temps de l’occupation syrienne, Berri, Joumblatt et Hariri choisissaient aussi des ministres chrétiens… ces ministres n’étaient pas toujours très compétents… D’ailleurs Hariri continue à le faire, mais bon.

– La majorité des partis ont une base ethno-communautaire est un fait vérifiable. Mais ce n’est pas en soi un problème. C’est à la rigueur leur problème et dénote d’un certain souci au sein de la société auquel if faudrait peut-être écouter et répondre au lieu de condamner. Personnellement, je m’en fous s’il y a un parti des blondes, un parti des femmes, un parti des mecs qui souffrent d’une calvitie ou de problèmes érectiles… Le fait que ces partis libanais aient une base clientéliste est le véritable problème.

La lutte contre les préjugés, rien avoir avec la laïcité
L’exemple du couple mixte (qui a du mal à se faire accepter) et de la fille pas-si-bien-élevée (qui n’aime pas trop les gens d’une autre confession) n’ont rien avoir avec la laïcité. C’est un problème de préjugés, et ni les institutions étatiques ni le système scolaire publics sont responsables de ce préjugé. Au contraire, les deux luttes activement contre ces préjugés. Crois-moi, on trouve autant de préjugés sur certaines religions dans les pays laïques (comme la France ou la Turquie) qu’au Liban. Et ces préjugés sont très importants au Liban et il faudrait lutter contre. Et les plus graves aujourd’hui sont entre Chiites et Sunnites. C’est vraiment effrayant. Et ce n’est pas en prônant la laïcité qu’on le fera. Ces deux questions sont étrangères l’une à l’autre.

– Distinction ne signifie pas discrimination
Quant au fait de distinguer entre les différents groupes de la société, personnellement, je n’y vois pas de problème tant que l’appartenance au groupe est volontaire (c’est pour ça que je milite pour la reconnaissance de la communauté de droit commun qui existe dans les textes depuis 1930!!!!) et tant qu’il n’y a pas de discrimination… et le tout en luttant activement contre les préjugés. Mais je n’ai pas non plus de problème (de principe) pour abolir les quotas… mais à condition qu’ils résolvent des problèmes au lieu qu’il n’en créent. Sans quotas, la municipalité de Beyrouth serait aujourd’hui exclusivement sunnite et d’obédience haririenne. c’est pour cela qu’il y a des quotas informels (sans base juridique) pour Beyrouth. Encore une fois, je n’aurai pas de problème avec cela, mais cela aura des conséquences désastreuses sur le plan social et politique. Les non-sunnites se sentiront exclus, il aura des discriminations entre quartiers (ce qui existe déjà au demeurant)… et ce sont surtout les quartiers chiites et arméniens qui en souffriront… la ville sera complètement détachée de sa pluralité et de plus de la moitié de ses habitants… Est-ce que c’est cela qu’on veut? Personnellement, je suis pour la réintroduction d’un siège reservé aux étrangers et à la parité homme-femme au sein du conseil municipal… donc à plus de quotas.

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Confused, Dazzling and Misleading: anti-confessionalism advertised

Posted by worriedlebanese on 08/12/2009

I stumbled on this advert yesterday while checking out what was new on Laïque Pride, and I think a short comment on it would sums up my position on this issue perfectly. I’m sure most of you are familiar with it. And you’ve probably heard me on this topic too. Two years ago, I reacted quite violently to a campaign by Amam05. A couple of months ago, I discussed the paradoxes of anti-confessionalism, its ambiguities, the consensus and state support it enjoys as an ideology and its side effects. So I’m sorry to repeat myself. But I think it will enable me to sum up my rants and clarify the point I’m trying to make.

The ad you’ve just watched is clearly intended to shame the Lebanese for identifying with a specific community. Everyone in this clip identifies himself/herself according to his/her nationality, except for the Lebanese, who bow their heads in shame after declining their communal identity (with firearms shots to add to the dramatic effect).

This scenario is quite unlikely. When asked about their identity, most Lebanese refuse to tell you what community they belong to. This is a taboo subject, and in all statistics, it’s the most troublesome data to collect. So why shame people for something that is taboo?!

The underlying idea is that our political system because of its recognition of communities, quota system and multiple personal laws, prevents people from identifying as Lebanese. If this is the case, the choice of countries in the sample we just saw is mind-boggling.

  • Oman: Not only the State is clearly divided according to religious lines (Ibadi, Sunni, Shiite), but islam is the official religion and the law is based on the Coran.
  • Serbia: The Serbian identity revolves around Christian Orthodoxy, just as the Croatian identity revolves around Catholicism (withstanding the extensive secularisation of both societies). Moreover, the country had recognises a special status to two ethnic minorities: Albanians (who are now independent) and Hungarians.
  • South Africa: The country still maintains quota systems (in the private sector!!!) and considers itself as a rainbow country, respecting people’s choice to identify as Afrikaans, Zulu, Indians (etc) and seeing no contradiction with being South African.
  • Palestine: Interestingly enough, Palestine isn’t a sate yet, but it shares two elements with us. It has a quota system for christians and also multiple legislations in matters of personal status, and religious tribunals.
  • India: Now this country is probably the most diverse country in the world. And believe it or not, they have a system of personal laws quite similar to our own. An Indian would identify herself as Indian to a foreigner. But in India she is likely to put forward her communal or state identity (Punjabi, Bengali, Kashmiri, Tamul, Sikh, Hindu…). What language is this Indian going to use to identify herself to start with? This in itself is the marker of a distinct identity. The only way out is to use English, and not Hindu (which by the way is the sister language of Urdu, the original difference is purely religious).
  • America: It is quite common for Americans to refer to themselves as African-American, Jewish-American, Italian-American, Cuban-American, Scandinavian-American… Few people find a problem with that. Just pick any American TV serie and see how the characters in it identify themselves or are portrayed.

Lebanon isn’t as “unique” as we would like to admit. We have multiple identities, and the State recognises this diversity. This isn’t very rare around the world, and certainly not in the sample chosen in this advert! Some of us are attached to their communal identity while others are not… This trait is equally shared by many societies. So to make its point clear, this ad not only misrepresents the social reality in Lebanon, but social reality in other countries as well. So how do you explain all the praise it received?

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Laïque pride… can this civil initiative be saved?

Posted by worriedlebanese on 07/12/2009

In an earlier post, I alluded to this new civil initiative that made quite a buzz on the Lebanese blogosphere a couple of weeks ago. And the general excitement surrounding it doesn’t seem to be abating. You can find “Laïque Pride” on facebook, twitter, over-blog.

The version you see here was rewritten on December 9th. I found the original draft too aggressive and pontifical and couldn’t leave it that way (If you’re feeling masochistic enough or miss your preacher, you can check it out in the comment section).

Anyway, let’s get back to our business. What seems to be a growing number of Lebanese citizens are getting ready to hit the streets on April 25th 2010. They intend to march for the establishment of a secular state in Lebanon. That’s pretty nice, but there’s something that doesn’t seem too right with this initiative.

The whole approach is very dogmatic. What do they mean by secularism? How can they translate that in practical terms. A quick look at their declaration of intent shows that several of their demands already  exist and others are so extremely abstract that one wonders if they are little more than abstract principles or ideological slogans.

To paraphrase Elvis, I’d say a little bit less ideology, a little more pragmatism please. Forget about the anti-confessionalist rhetoric that we’ve been brought up with and look at the dynamics of our political and legal system. If you want change, target specific goals! It’s only by pinpointing specific problems in our system that we can solve them, putting ideology on the shelf and tackling one issue at a time (or at least separately). Each target needs a different strategy. Let’s be realistic! With such a declaration, what could the outcome of the march possibly be? collective unwinding and a public release of pressure… is it worth working for months and mobilising so many for a simple فشت خلق ?

Here are a couple of targets that I would work on:

  • Fight State censorship. Why not rally for the abolishment of the censorship committee within the Interior Ministry? Why not replace it by a rating system like in the US? Sure Tareq Mitri mentioned this once or twice (when he was minister of culture), and Ziad Baroud did too… But is that enough? Come on! Wouldn’t it be more profitable to march for the abolishment of this censorship committee (in which the religious establishment participates without any habilitation to do so). Shouldn’t we be telling our politicians that we refuse any kind of “tutelage”. Couldn’t we actually contravene systematically to this law? Obviously we can. But people seem to lack the courage to do so. It’s much more comfortable to uphold abstract ideals than actually fight for specific rights.
  • Respond to the religious establishment’s interference in public affairs and criticize politicians who seek backing from the religious establishment. Why not meet with politicians and clergymen to discuss these issues. Why not protest when their behaviour shocks you? Why didn’t anyone do anything when the Prime Minister asked the Maronite Patriarche to nominate candidates to the Lebanese presidency? Why doesn’t anyone remind the State authorities (Baroud, Hariri and Najjar) that Sunni and Shiite preachers are not allowed by law to give a political opinion when they preach because they are civil servants…
  • March to pressure the State into adopting a legislation for the Secular community (Communauté de droit commun). People tend to forget that the very law that recognised the different communities also recognised the existence of a secular community (communauté de droit commun). The legal provision already exists. This community is already recognised! All that is needed is to establish its legislation (and why not, its institutions, if you want it to be independent from the conservative thugs that are in parliament)! So why not pressure the government and the parliament to finally enact the laws that were promised over 70 years ago?!

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Anti-confessionalism’s side effects

Posted by worriedlebanese on 06/08/2009

listen_without_prejudiceIndoctrination: As we have seen, Anticonfessionalism is a State defused ideology. Not only is it a defining element of our constitution and our institutions, but it’s the most prominent feature of our political discourse. Even those who want to maintain the political system as it is are either uncomfortable with it or are embarrassed to defend it publicly.
All public discussions are dominated by negative views of confessionalism. These views have been diffused through the media for over half a century. They have found their way in history books and civic education books.
The consequence is obvious: an overwhelming majority of Lebanese holds negative views on confessionalism and consider it incompatible with all values they consider positive (the latter values are not necessarily shared). As we will see, these views are not based on facts, on demonstrations, but on a global prejudgment. A critical approach is surely warranted when it involves an analysis of merits and faults. But  it ceases to be interesting when it’s a simple expression of adverse or disapproving comments and judgments. Read the rest of this entry »

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Anti-Confessionalism: a state ideology

Posted by worriedlebanese on 04/08/2009

Music4massesThis is not a joke. Anti-confessionalism is a state ideology. It might sound shocking to many ears, but I believe it is actually indisputable. Will this sketchy demonstration you are about to read convince you? I hope so. This blog is certainly not the place for a meticulous study of this surprising and counterintuitive feature. But it will allow me to point out quite broadly a couple of arguments that are usually overlooked by most analysts. And then you’ll do the math.

First, I’d like to remind the reader that the Lebanese political system was not founded on a single pre-existing ideology or political theory that one could call “confessionalism”. This is usually the case with state ideologies. Let’s take the example of the United State (where federalism and democracy were theorised before they were implemented), France (where the basic elements of republicanism were theorised before the overthrow of the Monarchy), the Soviet Union (with communism) and closer to us, Syria (where Baasism was theorised before the establishment of the Baasist regime) and Israel (where Zionism was theorised half a century before the establishment of the State). In all these cases, we find thinkers, intellectuals or theorists who pondered over a regime before its establishment. This is not the case of Lebanon. No thinker, intellectual or theorist reflected on the country’s communal reality and how it could be translated politically before the establishment of the political system or regime (the Constitution of 1926). Read the rest of this entry »

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Confessionalism/Anti-confessionalism: Two sides of the same coin

Posted by worriedlebanese on 03/08/2009

Janus_coin

Anti-confessionalism probably lacks historical perspective because it is utterly uninterested in context. It is obsessed with values and rules: it seeks to impose what it claims to be positive, modern (western), secular values (and rules), while claiming to combat what it defines as archaic, religious, oppressive values (and rules). By doing so, it defines itself (anti-confessionalism) and what it combats (confessionalism).

Before going into this dual definition (and its implication), let’s have a glimpse at these very values and value-laden political programmes anti-confessionalism vows to defend and implement.

A glimpse at the muddle

As Maria sang to the children, “let’s start at the very beginning, a very good place to start”. The whole debate over confessionalism started in the 1940s. Sure, one could trace articles and writing about its many elements to the 1930, and even to the 1920s. But they were still scattered then, and dealt with points that were quite rightly seen as unrelated: secularisation, modernisation, westernisation, nation-building and state building. From the 1940s onwards, all these views converged under the label of “anticonfessionalism” as their proponents defined a common enemy, confessionalism.

This conversion obscures the fact that we are dealing with distinct processes, political programmes and values. This is why we will look into each of them one at a time.

  • Secularisation: A process in which the various aspects of society (economic, political, legal, and moral) become increasingly specialised and distinct from religion (and religious authority). It is usually accompanied by a societal decline in levels of religiosity. Its proponents usually link the decline of religiosity to the increase of freedoms. In Lebanon, secularisation usually means three things:
    • Abolishing the personal status laws and courts (up to now, each recognised and established community has its own laws and courts), and replacing them by one civil legislation in matters of family law.
    • Supporting “secular” education, i.e. state schools and universities (vs schools and universities within religious networks).
    • Combatting religious authority and interference in public affairs. Read the rest of this entry »

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The Paradoxes of AntiConfessionalism (an introduction)

Posted by worriedlebanese on 02/08/2009

anti-confessionalismAntiConfessionalism! The word seems easy to grasp. The prefix and suffix speak for themselves. Intuitively, one could assume that anticonfessionalism is antonymous & opposed to a specific system, principle, ideology: confessionalism. Up to now things might seem pretty clear. But when you look a bit closer, you discover something completely different. It’s actually quite hard to oppose anti-confessionalism to confessionalism. It’s like opposing black and white. Sure it’s a common assumption that black is the opposite of white, but it doesn’t tell you much about one or the other, and so the opposition turns out to be meaningless.

I have already dealt with the issue of anticonfessionalism two years ago (albeit hysterically) through a “hate mail” sent to Amam05 posted here. The arguments haven’t changed, but maybe I should restate them more serenely.

We might have many bad intellectual habits in Lebanon, but anti-confessionalism is unmistakably the worst. If you’re looking for insight, learning, critical engagement… keep away from anti-confessional literature. On the other hand, if you’re looking for repetitive prose, dogmatism, distilled ideology, decontextualised constructions, baseless assumptions, groundless accusations… Then you should definitely check out the many books, articles and declarations written on confessionalism.

At first, I thought it would be possible to discuss this issue in one post, but judging from the reactions I’m getting, I think it better to discuss one paradox at a time.


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Lebanese Confessional-Republicanism 101

Posted by worriedlebanese on 27/07/2009

Slate explainerThe Lebanese political system is quite muddling. Most people who discuss it either ignore some of its basic rules and principles, or oversimplify and distort them beyond recognition. Political discussion is marred by ideology. So it’s always useful to state our political system’s basic rules and principles. Once this is done, it becomes quite clear how hybrid it is with its mix of “communal” principles and “republican” principles. Most analysts only see the first set of principles and ignore the second set. We need to look into Lebanon’s “confessional” rules and principles so as to untangle these two set of principles and see how they intertwine.

A glimpse at our constitution rules and principles.

  • The principle of “confessional representation” تمثيل طائفي (Article 95) is a misnomer, the principle is actually a set of rules for multiconfessional participation قوقعد للاشتراك المتعدد طائفيآ . It introduces quotas to the public sphere. By law, it has three implications: in Parliament, in government and in the public administration. Most analysts see it as a collective right, but in fact it’s not. The rights are not given to communities, but to individuals who belong to certain communities. Read the rest of this entry »

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